
Dr. Taling Tene Rodrigue : « l’initiative chinoise a eu conséquence au Cameroun dans divers domaines.»
A l’occasion du 10e anniversaire de l'Initiative ‘‘la Ceinture et la Route’’, le Vice-Directeur du Centre d’Etudes Francophones, Institut d’Etudes Africaines, Université Normale du Zhejiang, présente au micro de Radio Chine International, quelques retombées de la ‘‘politique chinoise’’ en Afrique en générale et au Cameroun en particulier.

RCI : Cette année marque le dixième anniversaire de l’Initiative “la Ceinture et la Route” (ICR). Selon vous, quel est le plus grand changement que l’initiative a apporté au monde ?
Dr TALING : L’ICR est une stratégie mondiale de développement des infrastructures adoptée par le gouvernement chinois en 2013, sous la direction du président Xi Jinping. Les principaux objectifs étaient d’investir dans plus de 150 pays et de construire des infrastructures transcontinentales pour accélérer le développement et la connectivité entre la Chine et le monde. En janvier 2023, 151 pays étaient répertoriés comme ayant adhéré à l’ICR, avec plus de 40 pays situés en Afrique. Cela signifie que les pays signataires ont trouvé de la valeur et de la cohérence dans l’ICR; Sinon, ils ne l’auraient tout simplement pas adhéré. La BAII et le SILK ROAD FUND en tant qu’institutions financières dédiées à l’ICR, ont apportées une alternative et un équilibre aux pays les moins développés du monde dont le financement du développement des infrastructures dépendait fortement des institutions occidentales telles que la Banque mondiale et le Fond monétaire international (FMI). Par conséquent, l’alternative et l’équilibre apportés par l’ICR aux pays en développement dans la réalisation des objectifs nationaux de développement est pour moi le plus grand changement que l’initiative a apporté au monde.
RCI : La construction conjointe de « la Ceinture et la Route » a produit de nombreux résultats de coopération. Quels changements ont eu lieu dans la perception de la Chine par les gens ordinaires de votre pays à cause de l’ICR ?
Dr TALING : parlant des gens ordinaires de mon pays le Cameroun, je vois principalement les jeunes de moins de 35 ans qui représentent environ 70% de la population du pays. Une éducation adéquate, l’entreprenariat, l’apprentissage des compétences techniques et l’emploi sont les outils les plus nécessaires pour leur assurer un avenir meilleur. Dans le cadre de l’ICR, de nombreuses bourses ont été accordées aux étudiants et jeunes camerounais pour poursuivre leurs études et formations professionnelles en Chine. L’assistance médicale de la Chine au Cameroun a été constante en période de Covid-19. Enfin, certaines infrastructures clés telles que les routes, les barrages hydroélectriques, etc. construits dans le cadre de coopération de l’ICR, contribuent à changer les moyens de subsistance de millions de mes compatriotes du pays. Ces résultats tangibles de notre coopération dans le cadre de l’ICR ont contribué à améliorer la perception de la Chine aux yeux des jeunes de mon pays le Cameroun. En bref, l’initiative chinoise est conséquente au Cameroun dans divers domaines.
RCI : Que pensez-vous du « piège de la dette » apporté à l’Afrique par l’ICR constamment pointée du doigt par les médias occidentaux ?
Dr TALING : L’ICR constitue un élément central de la stratégie de « Diplomatie des Grands Pays » du président Xi, qui appelle la Chine à assumer un rôle de leadership accru dans les affaires mondiales en fonction de sa puissance et de son statut croissant. La diplomatie dite du « piège de la dette » de l’ICR soulevée par les médias occidentaux est simplement et purement un acte de sabotage. Une tentative de déclasser l’initiative infrastructurelle la plus complète, inclusive et mondiale que l’humanité ait jamais vue. Les médias occidentaux ne sont tout simplement pas habitués à une situation gagnant-gagnant à si grande échelle sans que les pays occidentaux se taillent la part du lion. Les nouveaux paradigmes peuvent prendre un certain temps pour être accepter. Donc, rien d’anormal pour moi sur cette attitude des médias occidentaux.
En ce qui concerne l’Afrique, notre coopération avec la Chine est fructueuse et productive. Plus important encore, nous maintenons un dialogue constant en tant que partenaires pour améliorer les choses futures.
RCI : L’ICR serait sans doute le sujet le plus important des deux sessions de la Chine cette année. À quels autres sujets prêtez-vous attention personnellement ?
Dr TALING : En tant qu’élite africaine en Chine, mon attention se concentre sur des sujets qui mettent en avant les intérêts fondamentaux des peuples africains vis-à-vis de la Chine. Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le statu quo des relations entre les peuples, la coopération de pays-à-pays entre la Chine et l’Afrique. Il faut accorder plus d’attention et de ressources à la plate-forme du FCSA pour élargir la coopération de pays-à-pays. En ce qui concerne les relations entre les peuples, davantage de réformes politiques sont nécessaires pour améliorer le statu quo des populations et des entreprises africaines en Chine. Notre balance commerciale pèse toujours en faveur de la Chine, donc les décideurs politiques doivent faire plus pour ouvrir le marché chinois aux produits et services africains.
Propos recueillis par GUO CONG, Journaliste à Radio Chine International (RCI)