
Des grandes décisions aux petits gestes : comment les « deux sessions » améliorent le quotidien en Chine
Cet article est un commentaire de Zhang Shanhui, présentatrice et commentatrice à CGTN Français

Les « deux sessions » sont le moment clé de l’agenda politique chinois, réunissant l’Assemblée populaire nationale (APN) et le Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Mais au-delà des décisions d’envergure nationale qu’elles prennent, comment ces sessions annuelles améliorent-elles concrètement la vie de la population ? Voici quelques exemples vivants et révélateurs de la façon dont les « deux sessions » façonnent et soutiennent le quotidien des 1,4 milliard de Chinois. Vous allez voir à quel point les députés et membres sont attentifs jusque dans les moindres détails de chaque politique.
Prenons un exemple concret : les livreurs de repas. Aujourd’hui ils sont plus de 10 millions en Chine et ils font désormais partie intégrante du paysage urbain, formant un nouveau groupe d’emploi de grande envergure. Ces livreurs sur plateformes – qui incluent notamment les coursiers de repas à domicile – ont été officiellement reconnus comme une nouvelle profession. Toutefois, leur système de protection sociale n’est pas encore vraiment complet.
Récemment, plusieurs plateformes chinoises de livraison comme JD.com ou Meituan ont annoncé qu’elles allaient cotiser à la sécurité sociale pour leurs livreurs et coursiers. Cette décision a relancé le débat autour de la protection sociale des travailleurs dits « flexibles ». Face à la croissance fulgurante de l’économie de plateforme et du travail indépendant, des députés et membres ont mené des études approfondies pour comprendre les difficultés propres à ce secteur. Li Dongsheng, député de l’APN et fondateur de TCL (une entreprise spécialisée dans les écrans à semi-conducteurs et l’énergie photovoltaïque), a ainsi proposé de réduire le seuil de cotisation des travailleurs flexibles, afin d’élargir leur couverture sociale et de garantir à chacun un filet de sécurité minimal. Il suggère notamment la mise en place d’un mécanisme de cotisation modulable (en fonction des revenus mensuels) et une ouverture plus large à certains régimes (comme l’assurance contre les accidents du travail ou l’assurance chômage). Présentées lors des « deux sessions », ces propositions témoignent d’une volonté de mieux prendre en compte la réalité du marché de l’emploi et d’offrir aux travailleurs indépendants une protection plus solide.
Les « deux sessions » ne se limitent pas à de la haute politique ; elles mettent également en lumière des initiatives locales qui améliorent véritablement la vie des habitants. À Hangzhou, dans la province du Zhejiang, la députée et secrétaire communautaire Cao Chen a instauré une pratique toute simple mais extrêmement efficace : préparer et distribuer gratuitement des petits pains cuits à la vapeur (mantou) aux personnes âgées.
D’abord, ces petits pains cuits à la vapeur rapprochent les voisins. En répondant au simple désir de manger des petits pains, la communauté a resserré les liens entre les seniors, les bénévoles et les travailleurs sociaux. Une fois la porte de chaque foyer ouverte par ce geste de gentillesse, il devient plus facile d’identifier d’autres besoins non satisfaits et de réfléchir à des solutions. Résultat, l’initiative favorise l’entraide et la participation des aînés : dans ce quartier où plus d’un tiers des habitants ont plus de soixante ans, les « mamies » et « papys » plus valides apportent leur aide à ceux qui sont moins autonomes. Cette initiative a ainsi renforcé la cohésion sociale et permis de proposer des services mieux adaptés aux seniors.
Si Cao Chen s’est rendue à Beijing pour les « deux sessions » cette année, c’est aussi pour présenter ses idées au niveau national : elle souhaite promouvoir à l’échelle de toute la Chine des propositions visant à simplifier les procédures d’aménagement « adapté » pour les personnes âgées.
Les « deux sessions » permettent aussi d’examiner les lois et de définir les grands objectifs économiques (comme la croissance du PIB, le budget, l’inflation) pour l’année à venir. Tous ces plans et priorités ont un objectif commun : que chaque citoyen, des jeunes livreurs aux seniors d’une petite rue de Hangzhou, profite des bénéfices du développement chinois.
La CCPPC, en tant qu’institution de consultation politique, recueille une multitude d’avis. Les travaux législatifs et budgétaires de l’APN tiennent compte de ces propositions et les traduisent en politiques concrètes. Dans un pays de 1,4 milliard d’habitants, maintenir l’harmonie sociale et partager équitablement les fruits de la croissance constitue un défi permanent. Les « deux sessions » demeurent l’un des outils majeurs pour trouver le bon équilibre.
En fin de compte, qu’il s’agisse d’améliorer la couverture sociale des livreurs ou de préparer de simples petits pains cuits à la vapeur pour les personnes âgées, les « deux sessions » illustrent chaque année comment la politique nationale se répercute sur la vie quotidienne de tous les Chinois. Comme nous l’avons vu dès l’introduction, ces rendez-vous institutionnels ne se bornent pas à définir de grands objectifs ; ils veillent aussi à ce que chaque politique soit adaptée aux réalités du terrain et aux attentes concrètes des habitants. C’est précisément cet ancrage dans le quotidien qui fait la force et la raison d’être des « deux sessions ». D’une année à l’autre, elles tracent les grandes lignes du développement chinois et veillent à ce que chacun – du jeune coursier qui sillonne les rues au senior qui partage un moment convivial autour d’un petit pain – bénéficie pleinement des fruits de la croissance.