Pr Nkolo Foe, philosphe, membre du comité consultatif de l’Institut Chine-Afrique : « La Chine veut stabiliser le monde par la prospérité partagée »
« Le défi aujourd’hui concerne surtout notre capacité à diversifier les partenariats parce que la difficulté que nous rencontrons actuellement, c’est le peu de liberté que l’Occident veut accorder aux Africains pour diversifier ses partenariats. Or, nos chefs d’Etat, notamment Paul Biya, ont décidé de s’ouvrir au monde, bien sûr, à l’Occident mais également à toutes les puissances notamment du Sud. L’exclusivité dans les relations avec le monde n’est pas une bonne chose. C’est ce que nos présidents ont constaté. Donc, nous maintenons bien sûr notre partenariat avec l’Occident, mais ce partenariat-là ne doit pas reproduire le schéma colonial. Et la relation avec la Chine nous laisse une bonne marge de manœuvres d’autant plus que la Chine n’a pas de passé colonial. C’est la reproduction de relations coloniales qui nous oppose actuellement à l’Occident. L’Occident doit laisser aux Africains la liberté de choisir avec qui coopérer ou avec qui ne pas coopérer. Les autres puissances du monde n’ont pas à dicter un choix à l’Afrique. L’autre défi c’est de comprendre le message de la Chine selon lequel les pays du sud global ne sont pas condamnés à la misère, à la pauvreté. Et d’ailleurs, quand vous visitez la Chine, la première chose que les Chinois disent aux Africains c’est venez voir ce que nous faisons ; faites comme nous, vous êtes capables aussi de sortir vos peuples de la misère et de la pauvreté. Les Chinois sont convaincus que plus les peuples ne sont nombreux sur le chemin de la prospérité et mieux ça vaut pour la paix et la stabilité du monde. Le monde est instable parce qu’il y’a une minorité des riches et une très grande majorité de pauvres. Donc, la Chine veut stabiliser le monde par la prospérité partagée. Il s’agit là d’une idée, d’une proposition de bon sens faite par la Chine. »
Propos recueillis par PC