Conférence sur le Livre Blanc au Cameroun : ce qu’il faut retenir
Une conférence a été organisée à l’ambassade de la République populaire de Chine à Yaoundé le mardi 17 octobre dernier pour édifier sur le nouveau Livre Blanc chinois.
Intitulé : « Une communauté mondiale d’avenir partagé : Propositions et actions de la Chine », le Livre Blanc publié à Beijing le mardi 26 septembre 2023 par le Bureau de l’information du Conseil des Affaires d’Etat de la Chine, a fait l’objet d’un examen profond dans la salle de conférence de l’ambassade de Chine au Cameroun le mardi 17 octobre 2023. Actu Chine-Cameroon s’est proposé de faire la synthèse de quelques exposés.
L’ambassadeur de Chine au Cameroun, les universitaires, les professionnels de média et le ministre représentant du parti politique le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), ont convergé avec cohérence et méthodologie sur le document chinois mis en analyse.
Prenant la parole, Wang Yingwu, l’ambassadeur de la République populaire de Chine au Cameroun a respectueusement salué dans ses propos introductifs, la présence effective des distingués invités. S’agissant de sa communication, le diplomate chinois s’est abord appesanti d’expliquer la genèse du concept moderne chinois de construction d’une communauté mondiale d’avenir partagé.
Selon Wang Yingwu, la vision du président Xi Jinping définie dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » il y a déjà 10 ans, indique la position moderne à suivre pour le développement du monde. La construction d’une communauté mondiale de destin commun fournit la force inépuisable et nécessaire pour remodeler les théories et les pratiques en matière de relations internationales, conformément à la tendance de l’époque, a-t-il ajouté.
S.E Wang Yingwu souligne par la suite que le nouveau Livre Blanc « présente de manière systémique le contexte et la connotation, la feuille de route ainsi que la mise en place du concept moderne de la Chine de construire une communauté de destin. » Dans le détail, il pense que cela aidera davantage la communauté internationale à mieux comprendre la portée considérable de la vision chinoise pour l’humanité et à renforcer le consensus et les efforts mondiaux dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route. » « Guidée par cette vision, la Chine a fourni des biens publics de gouvernance mondiale dans différents domaines par les actions proactives et solides », a en fin appuyé l’ambassadeur chinois au Cameroun.
A sa suite, Dr Pout Christian Edmond Bepi est revenu sur les caractéristiques et les avancées économico-commerciales qui font de la République populaire de Chine, deuxième puissance économique mondiale. Pour le directeur du Centre d’analyses stratégiques au ministère des Relations extérieures du Cameroun, la Chine a tous les atouts aux plans économique, politique, environnemental, culturel et social etc. pour mettre sur la table de discussion mondiale, le concept de construire une communauté mondiale de destin partagé.
Il a aussi fait un tour sur les échanges de coopération entre la Chine et le Cameroun pour indiquer que les présidents chinois Xi Jinping et Paul Biya du Cameroun, accompagnés des peuples chinois et camerounais, partagent en commun, la vision de construction d’une communauté mondiale de destin d’avenir partagé pour l’humanité. Dr Pout Edmond a enfin souligné que le Livre Blanc est un document porteur d’espoir et dont l’ensemble des visions qu’il porte est de construire un monde nouveau avec des idées concrètes.
Le professeur Nkolo Foé, philosophe camerounais, est parti pour sa part sur le fonctionnement de l’Institut Chine-Afrique, depuis sa création en 2019. Le chercheur spécialisé en sciences sociales informe que l’institution dont il est membre du Comité consultatif, a toujours consacré beaucoup de temps sur la question de construction d’une communauté mondiale d’avenir partagé. Pour cause, les membres de cet établissement basé à Beijing en Chine, ont compris que le concept chinois était une réponse aux problèmes mondiaux.
Rappelant l’histoire sur l’émergence des nouvelles puissances parfois fauchées par l’hégémonie des anciennes puissances établies, le philosophe camerounais se dit être heureux que le Livre Blanc soit revenu avec beaucoup d’insistances sur cette question impériale. « Il n’existe pas de loi d’airain dictant qu’une puissance montante recherchera inévitablement l’hégémonie », peut-on lire dans le document chinois.
D’ailleurs, le président Xi Jinping a toujours déclaré que « la Chine n’a jamais accepté qu’une fois qu’un pays devient suffisamment fort, il recherche invariablement l’hégémonie », a soutenu le professeur. Nkolo Foe termine en convenant que l’existence du Livre Blanc vient de quelques clichés de vie des relations internationales basées sur les cadeaux diplomatiques chinois. Ce sont des présents qui constituent une forme implicite de construction d’une communauté mondiale d’avenir partagé pour l’humanité.
De son côté, M. Hermann Mefire, le directeur de publication du magazine Actu Chine-Cameroon s’est humblement appuyé sur quelques réalités de vie de l’amitié Chine-Afrique durant les 10 dernières années, pour expliquer sa compréhension et son interprétation du concept moderne chinois.
A travers l’initiative la « Ceinture et la Route », la Chine a accordé un soutien technico-financier à des nombreux projets d’infrastructures d’envergure et d’amélioration de vie au Cameroun, a-t-il soulève d’une voix unique dans la salle de conférence de l’ambassade de Chine au Cameroun. Le patron de média pour le déploiement économique et socio-culturel Chine-Cameroun va d’ailleurs saluer la vision sino-africaine dans la nouvelle ère : « L’ambition de l’Afrique et de la Chine de construire une communauté sino-africaine avec un avenir commun dans la nouvelle ère, est un choix porteur d’espoir qui mérite d’être encouragé par l’humanité. », a déclaré M. Hermann.
Quant au Livre Blanc, le directeur de publication explique que le document invite et consolide en même temps sur la vision chinoise. « Le Livre Blanc présente de manière implicite, les retombés palpables de l’initiative la ‘‘Ceinture et la Route’’, et interpelle le monde sur la nécessité de consolider les liens politiques, économiques et culturels pour la construction d’un village mondial de plus en plus prospère où règne pour tout le monde, la paix, la justice sociale, l’équité, la liberté, le respect mutuel et la bonne gouvernance », a-t-il conclu.
La conférence a donné la parole au quotidien Mutations. Ainsi, par la voix de M. Cyril Marcel Essissima, chef du service politique, le média camerounais à capitaux privés a indiqué que la solidarité, l’égalité, le vivre-ensemble, la justice, la paix, le développement et le bien-être sont de loin, la devise du Livre Blanc. Le journaliste a mis en relief son séjour en Chine pour dire en un mot que le Livre Blanc est « le livre du statut de l’humanité. » « Les chinois font ce qu’ils disent », a-t-il ajouté en d’autres termes.
S’agissant de l’hégémonie que certaines puissances choisissent d’entretenir, M. Essissima estime qu’il y en aura toujours. Seulement le monde doit retenir « qu’il n y a aucun bonheur à être heureux seul », a-t-il asserté. De ce fait, les puissances impérialistes auront toujours besoin des autres pour affirmer leur hégémonie. Il faut penser que nos destins sont à jamais liés pour taire cet acte ignoble.
Cyril exhorte à la fin, les leaders du monde à rester attaché et soudé à la vision d’une sécurité planétaire intégrante, commune, globale, coopérative et durable, et travailler ensemble pour maintenir la paix et la sécurité du monde.
Dans sa suite, M. Alain Mazda a fait le témoignage d’un camerounais ayant séjourné en Chine cernant le Livre Blanc et le concept chinois moderne « la Ceinture et la Route. » Le journaliste camerounais relève que son contact avec le chinois lors de son séjour en Chine, lui a permis de réaliser en direct, ce que le président Xi Jinping entend de construction d’une communauté mondiale d’avenir partagé pour l’humanité. « Tout le monde n’est pas égal en Chine, mais personne n’est au-dessus de l’autre », a-t-il révélé aux conférenciers.
Selon Mazda, le Livre Blanc s’est probablement inspiré en partie sur les leçons des forums pour la coopération Chine-Afrique. Ces moments où les dirigeants chinois et africains parlent d’une même voix de construire une communauté sino-africaine d’avenir partagé dans la nouvelle ère. Il conclut que l’initiative « la Ceinture et la Route » et l’initiative pour le développement mondial, sont des biens publics proposés par la Chine pour la communauté internationale.
L’un des éminents enseignants d’universités conviés à ce dîner scientifique est le professeur Joseph Vincent Ntuda Ebode. Le géo-stratège a techniquement avancé son point de vue sur la construction d’une communauté mondiale d’avenir partagé. Il a utilisé les rhétoriques répondant à la question posée par le monde au président chinois Xi Jinping : « Où va l’humanité ? »
Pour le professeur Ntuda Ebode, la dynamique mondialisant et stabilisant de la vision chinoise, a évidemment débouché une série de trois interrogations fondamentales convoquant la question de la gouvernance mondiale : « Les décisions sont-elles prises par une seule puissance ou selon le but et principe des nations unies ? L’ordre international est-il ainsi défini par quelques pays réunis ou par tous les pays membres du système ? La modernisation est-elle le privilège de quelques pays réunis ou le droit de tous ? » « Pour les auteurs du Livre Blanc en examen, la réponse qui ne fait point de doute, est celle de la construction d’une communauté mondiale d’avenir de destin partagé pour l’humanité », a formulé le professeur Ntuda Ebode.
Pour avancer son interprétation du Livre Blanc, l’enseignant d’université a contextualisé les actions de l’initiative « la Ceinture et la Route » en indiquant que la réponse de Xi Jinping à la construction d’une communauté mondiale d’avenir partagé est apparue comme la contribution de la Chine aux efforts mondiaux de protéger notre maison commune, mère nature qu’est la terre.
Au regard des actions chinoises engagées dans le cadre du projet Belt and Road Initiative, le professeur Joseph Vincent Ntuda Ebode affirme que le Livre Blanc se dévoile dont comme une théorie et une pratique de la vision chinoise de la gouvernance de demain.
Considérant l’ouvrage chinois comme la vision alternative de la gouvernance mondiale d’aujourd’hui, le professeur invite les auteurs du Livre Blanc à une prise de consciente de théorie et pratique actuelle pour un espoir et une lueur de lumière pour demain. Il souligne qu’il est dont nécessaire de construire un consensus mondial autour du concept fertile de communauté d’avenir partagé pour l’humanité
Pour sortir, le géo-stratège précise en une phrase, le rôle de la Chine dans le statut quo mondial que veulent certaines puissances impérialistes. « Dans un monde où certains ne parlent plus et ne voient plus que la guerre entre les civilisations (…), la Chine se pose et innove en conceptualisant un monde interdépendant et solidaire qui rassemble plus qu’il ne faut, qui inclut plus qu’il n’exclut », a martelé Ntuda Ebodé avant de clore qu’en somme, « la Chine mène des actions pour un monde de demain plus proche de nos traditions bien sûr, de l’arbre à palabre, du vivre-ensemble quel que soit le temps d’une âme. »
Madame Chen Ya’o, ministre Conseillère de l’ambassade de la République populaire de Chine au Cameroun et modératrice de la conférence sur le Livre Blanc, a donné la parole au ministre Jean-Pierre Fogui qui clôture le panel des communicants.
Le représentant du parti politique le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a d’entrée de jeu, promené les conférenciers dans les proverbes et cultures embaumant les peuples africains et chinois. S’agissant de la vision chinoise de construction d’une communauté d’avenir partagé, le représentant du comité central du parti RDPC indique qu’elle est convergente en partie avec la pensée politique du Chef de l’Etat camerounais Paul Biya, contenue dans son livre intitulé : ‘‘Pour le libéralisme communautaire.’’
Selon le ministre, le Livre Blanc porté par les trois concepts de construction d’une communauté d’intérêt, de principe partagé et de destin partagé, percute le fond des principes de relations internationales machiavéliques.
L’homme politique camerounais établit que la culture chinoise qui cultive une sorte de réserve sur le chinois, est mal comprise au niveau de la communauté mondiale. Elle est perçue comme une hypocrisie pourtant il n’en ait point, a-t-il soutenu. Un camerounais installé en Chine, fonde sa famille et rentre au Cameroun avec les enfants qui parlent le mandarin et sa femme qui fait les recettes culinaires chinois : Que ramène le diplomate chinois en fin de séjour au Cameroun ? Peut-on investir sans s’investir sur soi-même ?, a-t-l soulevé aux chinois.
Synthèse faite Gérard Njoya A.