Constance Mbatoumou : « La femme actrice du développement et reconnue comme tel par le Président XI JINPING, a une grande place dans le cadre de l’Initiative Ceinture et Route »
Constance Mbatoumou est membre de W.E.B. Institute for Global South and China Studies de Yaoundé au Cameroun, ancien Directeur de l’Education Citoyenne, de l’Insertion Sociale et de la Participation des Jeunes du Ministère de la Jeunesse et, Fondatrice de la dynamique association OYILI BININGA établie sur les « Nouvelles routes de la soie. » Elle accepté de commenter avec Actu Chine-Cameroon, l’actualité chinoise dominée par les assises du troisième de l’initiative « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale et le 13e Congrès national des femmes de Beijing.
- L’actualité sur le 13e Congrès National des Femmes de Beijing arrive au lendemain du troisième Forum de l’Initiative « la Ceinture et la Route » pour la Coopération Internationale, quel commentaire faites-vous sur la participation des dirigeants africains à cette rencontre ?
Permettez, avant toute chose, de vous exprimer ma reconnaissance pour l’intérêt portée à l’Association OYILI BININGA, une organisation de femmes rurales dont les membres sont soumises à la pression due à l’urbanisation accrue de leur localité située dans la zone périphérique de Yaoundé, capitale politique du Cameroun.
Pour répondre à votre question, les gouvernants africains présents à Beijing devraient s’inspirer de cette gigantesque structure pour saisir et capitaliser l’engagement propre au genre féminin ainsi que la force organisationnelle des associations féminines en vue de l’atteinte des objectifs de développement et la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. S’en approprier serait opportun dans la mesure où, fraichement impressionnés par le bilan de 10 années de coopération dans le cadre du Forum sur l’Initiative Ceinture et Route, et après avoir mesuré le degré d’exigences en termes de rythme, de normes, de niveau de connaissances, des attitudes et des aptitudes auxquelles les acteurs à la production doivent se soumettre, une volonté politique de leur part pour la mise en place dans leurs pays respectifs d’une politique de vie associative serait requise; urgente serait l’élaboration des stratégies de déploiement des réseaux des femmes africaines dans des lobbyings à des degrés et secteurs divers; pourquoi pas au niveau africain, Union Africaine (UA) s’entend.
Pour mémoire, le Congrès National des Femmes de Chine est une instance représentative de la Fédération Nationale des Femmes avec entre autres, pour mission d’organiser et d’éduquer les femmes et les filles dans la promotion de leurs droits, leur autonomisation et dans la protection des familles.
- Dans les huit actions avancées par le président Xi Jinping dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » pour un développement mondial de haute qualité à long terme, avez-vous l’impression que la place de la femme est prise en compte ?
La femme actrice du développement et reconnue comme tel par le Président XI JINPING, a une grande place dans le cadre de l’Initiative Ceinture et Route. C’est dans cette optique que le PCC dont il est le Secrétaire Général compte sur l’organisation nationale des femmes. De manière explicite, il lui demande de “prendre une part active à l’Initiative Ceinture et Route “, instruction inscrite au point neuf (9) des “tâches principales ” dévolues au Congrès National des Femmes de Chine.
La contribution des femmes est d’une telle évidence que le Président XI n’a pas eu besoin de la relever sur cette tribune. Par contre, les résultats élogieux solennellement dressés à l’actif des 10 années de coopération constituent pour ma part, un stimulus qui exhorte les fédérations des femmes à davantage s’investir dans” la construction ensemble d’une communauté de destin pour l’humanité”, un des leitmotivs du PCC.
- En tant que leader d’une association des femmes, quel est votre commentaire du 13e Congrès National des Femmes qui a eu lieu du 22 au 26 octobre dernier à Beijing ?
Je suis impressionnée par le leadership que dégage la prestation du Congrès National des Femmes. Il se traduit par la capacité de mobilisation des fédérations depuis la base et leur aptitude à développer des mécanismes d’ajustement permettant de relever de nombreux défis. Je suis admirative devant la force courageuse et le sens de l’initiative de ces organisations de femmes qui se sont constituées en soutien de la révolution de 1949 et ont gardé la même ferveur jusqu’à ce jour. La résilience dont elles font montre est remarquable, eu égard aux péripéties traversées par la Chine sur une si longue période. En outre, elles ont su développer des habiletés pour imposer leur présence dans un milieu majoritairement masculin et gagner la confiance du PCC.
- En quoi cette assise (13e Congrès des femmes) peut inspirer l’Association OYILI BININGA ?
La plus grande leçon que personnellement je tire, réside sur la force du réseau associatif. Cette tendance mérite d’être encouragée. En effet, cette approche se caractérise par l’esprit d’ouverture à la diversité, au brassage et à la capitalisation des idées, aux échanges d’expériences et des connaissances. Elle confère la capacité d’élargir son champ de compétences, d’accroitre sa crédibilité et de développer des stratégies de collaboration. Elle facilite le développement de projets consistants en vue de la réalisation des résultats probants. Plus visible et mieux écoutée, l’organisation devient une force de proposition capable de se déployer dans des lobbyings de haut niveau, d’ouvrir des négociations et de formuler des plaidoyers auprès des pouvoirs publics et des institutions internationales.
- Concrètement, que fait l’Association OYILI BININGA sur les « Nouvelles routes de la soie » ? Cette question recherche aussi ce que l’association a déjà fait ou ce qu’elle pense faire dans le futur.
La localisation géographique d’OYILI BININGA rend vulnérable sa cible du fait des mutations dues à l’urbanisation de son milieu de vie. Les défis auxquels elle fait face sont éducationnels, économiques, socioculturels, communautaires… C’est dans la perspective d’accompagner ces femmes non préparées que sont orientés nos objectifs. Concrètement, il s’agit du renforcement des capacités, de l’appui à l’identification des opportunités issues du nouveau contexte, du soutien scolaire, de l’agriculture et l’élevage, de la santé communautaire. La souscription d’une caution solidaire à un taux raisonnable auprès d’une micro finance de la localité a apporté un plus dans l’amélioration des conditions de vie des membres.
Pour une plus grande envergure, OYILI en réseau avec d’autres associations féminines camerounaises, formule le vœu de s’ouvrir à la coopération avec les organisations féminines de Chine. Je m’appuie de ce fait sur le paragraphe neuf (9) des “tâches principales” assignées au Congrès. Il dispose : “mener des échanges amicaux avec les femmes et les organisations de femmes du monde entier”.
- Alors que l’Association OYILI BININGA et le Congrès des femmes de Chine parlent tous les deux du développement de la femme et de l’amélioration des conditions de vie des familles et des communautés, quel est votre souhait de coopération ?
Mon souhait de coopération porte sur le domaine de l’Agro-Industrie. Déjà avec Alliance des Femmes BATCHENGA, nous nous y investissons, mais avec des moyens artisanaux. Notre ambition est d’acquérir les capacités techniques et technologiques pour notre intégration dans la chaine de production. Nous nous intéressons également à la formation professionnelle destinée beaucoup plus aux jeunes filles.
Il faut reconnaitre qu’OYILI a déjà fait l’expérience des réseaux associatifs : au sein de l’Association des Femmes Africaines pour la Recherche et le Développement. Siège à Dakar au Sénégal (AFARD) et de la Fédération Internationale des Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active. Siège à Bruxelles en Belgique (FICEMEA).
Propos recueillis par Gérard Njoya