Il n’y a pas que les pandas géants qui font le charme de la province du Sichuan. Elle s’est également évertuée à préserver son riche héritage culturel multiséculaire. A quelques jours du Nouvel An chinois, une partie du patrimoine culturel immatériel local a été exposée au grand théâtre de la ville de Deyang, située dans le Sichuan. La peinture de sucre, les éventails de Deyang, les dessins de Mianzhu et les nouilles dorées de Guanghan sont, entre autres, ce qui a été donné à voir lors de cette exposition.
Dans l’aire d’exposition, la table d’un sexagénaire captive les regards. De petits dessins exposés devant lui attirent l’attention des visiteurs. C’est un spécialiste de la peinture de sucre. La peinture de sucre est une longue tradition artistique qui mélange créativité et fantaisie. Elle consiste à représenter en miniature des objets du quotidien, des animaux ou encore des symboles de la culture chinoise avec de l’encre dorée de sucre chauffé. Muni d’une petite louche qui sert de pinceau dans ce cas précis, l’artiste dessine sur une planche des feuilles, des fleurs, des insectes, des oiseaux, des poissons, des symboles de la culture chinoise ou encore d’autres objets du quotidien qui l’inspirent. Le dessin réalisé, il y place un bâtonnet pour pouvoir le décoller à l’aide d’une petite truelle. Emballés dans du papier et exposés, ces dessins brillent de leur éclat doré. En plus d’être jolis à admirer, ils peuvent être consommés comme des amuse-gueules. Séduit par le travail de l’artiste, je n’ai pas hésité à dessiner avec lui le symbole du Nouvel An chinois de cette année qui est le dragon.
A côté du peintre, Gong Shu, une jeune dame très accueillante, tisse aux côtés de ses parents des éventails d’une beauté frappante. La confection des éventails est également une longue tradition artistique et culturelle à Deyang. Selon les explications de Gong Shu, le matériau est fait à base de fil et de fibres de bambou. Le tissage, nous informe-t-elle, requiert une certaine application et une bonne vue.
Une fois l’éventail entièrement tissé, la seconde étape consiste à faire des dessins sur l’une de ses facettes. C’est aussi un travail d’orfèvre qui demande patience et concentration. Le résultat présente des éventails de couleurs variées avec des dessins qui sont un ravissement pour les yeux. Gong Shu nous confie avoir appris le tissage des éventails avec ses parents. « C’est une longue tradition dans le Sichuan qui se transmet au fil des âges. Les éventails de Deyang font partie du patrimoine culturel immatériel local. Je suis fière de contribuer à préserver cet art et à le perpétuer », soutient Gong Shu, toute émue.
Perpétuation d’une longue tradition culturelle
A côté des éventails de Deyang, une autre dame s’applique à faire des figurines sur du papier blanc à l’aide d’une encre noire. Les motifs des figurines sont sculptés sur une planche. Dans un premier temps, elle prend l’encre avec un pinceau de forme cylindrique pour l’appliquer sur la planche. Ensuite, elle place une feuille blanche sur la surface imbibée d’encre et passe un bois dessus pour faire ressortir les dessins sur la feuille.
Enfin, lorsque le dessin s’est bien imprimé sur la feuille, elle la retire délicatement, la balance légèrement au vent avant de passer au coloriage. Dénommés les dessins de Mianzhu du nom d’une localité relevant de Deyang, cet art qui rappelle l’imprimerie traditionnelle fait également partie du patrimoine culturel immatériel local.
Nous avons achevé notre tour autour de la table d’un chef spécialiste des nouilles dorées de Guanghan. Une spécialité culinaire qui est aussi classée dans le patrimoine culturel immatériel local. Ces nouilles se distinguent par leur finesse et leur couleur dorée. Ce qui leur vaut d’ailleurs l’appellation de nouilles dorées de Guanghan.
Elles sont obtenues à base d’une pâte traditionnelle dont la province du Sichuan a le secret. Le découpage de nouilles dorées exige beaucoup d’efforts et une certaine habileté. Rien que le couteau utilisé pour le faire pèse à lui seul trois kilogrammes. En observant le chef perpétuer cet art culinaire exquis et séculaire, on comprend toute sa délicatesse et la raison pour laquelle il se transmet au fil du temps.
Les peintures en sucre, les éventails de Deyang, les dessins du Nouvel An de Mianzhu et les nouilles dorées de Guanghan sont le témoignage d’une longue tradition de métiers qui ont été conservés et transmis de génération en génération. Plus que des pratiques de la vie quotidienne, c’est un héritage culturel porté par l’ensemble de la population locale. Bien que résolument tournée vers la modernité, la province du Sichuan demeure attachée à son identité culturelle et entend la vivifier.
(Auteur : Karim Badolo)