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Forum sur la Coopération Sino-africaine : Espace de transformation des ambitions de la femme africaine en levier de croissance

(Note de l’éditeur : Cette tribune reflète totalement le point de vue de l’auteur Constance Mbatoumou et pas nécessairement celui d’Actu Chine-Cameroon. Constance Mbatoumou est Membre de W.E.B. DU BOIS Institute for Global South and China Studies Yaoundé-Cameroun et Ancien Directeur de l’Education Citoyenne, de l’Insertion Sociale et de la Participation des Jeunes au Ministère de la Jeunesse Cameroun. Elle est également Fondatrice de l’association OYILI BININGA placée sur les Nouvelles routes de la soie.)

  1. Contexte

En cette fin de 20e siècle, la complexité des défis planétaires s’accroit et exacerbe les facteurs d’incertitude et d’instabilité dans le monde. En même temps, elle entrave les initiatives mondiales de développement. Pour y faire face, les pays ont recours à la concertation et aux consultations. L’heure est aux grands regroupements solidaires. Des alliances se tissent. Les liens de coopération se nouent.

L’Afrique dans sa vulnérabilité a néanmoins foi en son potentiel. Sa volonté de se réaliser au 21è siècle est un pari qui se ressent dans la prise des initiatives de développement. Au cœur des préoccupations, le développement économique de l’Afrique par l’industrialisation, la satisfaction des besoins fondamentaux, l’intégration économique et la modernisation des sociétés, exprimées successivement dans la Stratégie de Monrovia (1979), le Plan d’action de Lagos (1980-2000), le Traité d’Abuja (1991)….. Ces initiatives auront de la peine à prospérer du fait des effets néfastes des Programmes d’Ajustements Structurels (PAS).

  1. L’institutionnalisation de la coopération Sud-Sud : mise en place du FOCAC

Désenchanté par les politiques néolibérales prônées par le Consensus de Washington, inspiré du contexte international et séduit par ailleurs par la voie alternative de développement offerte par l’expérience chinoise, S.E. Eleih Ellé Ethian, Ambassadeur du Cameroun et Doyen du groupe des Ambassadeurs africains en poste à Beijing, prit l’initiative de solliciter auprès du Gouvernement chinois, la création d’un espace commun de “réflexion dynamique sur l’ensemble de la problématique sur les relations sino-africaines (2)“. Au terme des séances de travail entre parties et avec les pays, il fut mis en place, à l’aube du troisième millénaire, le Forum sur la Coopération Sino-africaine (FOCAC). Depuis l’an 2000, le Sommet Afrique-Chine se réunit tous les trois ans. Il compte aujourd’hui 53 pays africains membres.

Prenant appui sur le parcours historique commun des deux partenaires, le FOCAC se définit comme un mécanisme efficace de coopération pragmatique qui promeut une coopération mutuellement bénéfique. Espace de consultations et de concertation, de connaissance mutuelle, de renforcement de l’amitié, il offre un cadre stratégique de collaboration dans l’industrialisation et l’infrastructure. Attentif aux besoins des populations, le FOCAC donne plus de lisibilité à la relation. Sa naissance signe la formalisation des échanges commerciaux, économiques et politiques entre l’Afrique et la Chine. Ses perspectives vont s’élargir et se diversifier avec la multiplication des initiatives de développement, notamment l’Initiative “La Ceinture et La Route” (2013). Cette nouvelle donne, dans un environnement de plus en plus fluctuant, impose de nouvelles approches. De ce fait, elle exige la reformulation de la vision de la coopération sino-africaine dans l’optique “de saisir de nouvelles opportunités de développement et de jeter les bases d’autres actions communes “(P. Biya, FOCAC 2018).

  1. Vision 2035 de la Coopération sino-africaine

L’environnement ultra concurrentiel, l’engagement du monde dans un processus d’ajustement géopolitique, le rôle clé du FOCAC de permettre aux deux partenaires d’affronter ensemble les défis mondiaux, sa latitude à élaborer et à orienter des mécanismes de coopération internationale en faveur de l’Afrique, à l’exemple de l’Initiative pour le Développement Mondial (IDM, 2021), sont entre autres des facteurs qui justifient la reformulation de la vision de la coopération, horizon 2035 (FOCAC 2021). Cette étape qui ouvre de nouvelles perspectives, hisse la relation à un niveau de croissance plus dynamique et plus productive. Elle met en œuvre une synergie d’actions entre divers programmes de développement que sont l’atteinte des ODD, la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et des programmes nationaux. L’exécution de ce premier plan triennal repose sur neuf (09) programmes.

  1. Mise en œuvre des neuf (09) programmes du premier plan triennal

Elaboré en Conférence ministérielle par les deux parties, ce plan triennal a identifié un ensemble de priorités africaines parmi lesquelles la promotion de la santé, la réduction de la pauvreté et le développement de l’agriculture, la coopération économique et commerciale, l’industrialisation et le développement des PME, l’innovation numérique, le développement vert, le renforcement des capacités, les échanges humains et culturels, la préservation de la paix et de la sécurité. Pour l’atteinte des objectifs visés, un dispositif de mesures, sous forme de financements, d’investissements, d’exemption des droits de douane, de mise à disposition des bourses d’étude, d’envoi des professionnels et d’experts chinois, de construction des centres pilotes de formation et de recherche….. accompagne la mise en œuvre, sous le regard vigilant d’un comité de suivi.

  1. Afrique-Chine : La femme africaine appelée à contribuer à la consolidation du partenariat

C’est au cours d’une phase si opportunément stratégique qu’est survenue l’annonce de la création d’un Forum sur les Femmes(3) par le Président Chinois pour qui “le développement ne peut se réaliser sans les femmes(4). A cet égard, la problématique de l’autonomisation de la femme et de sa participation active à la promotion des activités socioéconomiques, environnementales, interculturelles et politiques avait déjà été prise en compte par le FOCAC.

Cet appel à contribution au rayonnement de la relation Afrique-Chine est un grand défi lancé à la Femme Africaine. Sa participation active, dans un contexte de mondialisation aux exigences nombreuses est significative. Aussi, le souci de rentabilité va exiger d’elle la maitrise de l’information sur les enjeux de la coopération et l’acquisition des compétences appropriées. Soutenu par le processus d’intégration économique impulsée par la ZLECAf(5), son engagement trouvera alors dans le FOCAC un lieu d’expression de son potentiel, un espace d’élaboration et d’appropriation des outils de renforcement de son aptitude à saisir les opportunités de développement offertes par cette coopération. Dans cet ordre d’idée, le FOCAC serait pour elle une plate-forme sur laquelle elle manifestera sa détermination à se joindre à cette fructueuse dynamique appelée à “porter les relations sino-africaines à de nouvelles hauteurs et dans la nouvelle phase de la construction conjointe d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau“(6).

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(1) FOCAC : Forum sur la Coopération Sino-africaine

(2) Eleih Elle Etian, Vingt ans d’Expérience en Chine, un Africain raconte, Editions  L’Harmattan 2011

(3) Président Xi, FOCAC 2021, Sénégal, annonce  Forum sur les Femmes

(4) Président Xi Jinping,  Dialogue des dirigeants chinois et africains, Afrique du Sud, 2023

(5) ZLECAf : Zone de libre-échange continentale africaine

(6) Président XI, Sommet Mondial des Femmes, Nations Unies 2015

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