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Comment l’Afrique peut s’inspirer du modèle chinois d’éradication de l’extrême pauvreté

La belle histoire de l’éradication absolue de la pauvreté en Chine n’a pas fini d’émerveiller l’humanité tout entière. C’est en effet le 25 février 2021 que le gouvernement de la République populaire de Chine a officiellement proclamé la fin de l’extrême pauvreté au sein de sa population estimée à plus de 1,4 milliard d’habitants. L’occasion de la célébration du centenaire du Parti communiste chinois (PCC) était tout trouvée pour rendre publique cette nouvelle, du reste accueillie et appréciée à juste titre par l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui a fixé à l’horizon 2030 l’échéance butoir pour l’éradication de l’extrême pauvreté parmi les quelques huit milliards de la population mondiale. En tant que locomotive des pays en voie de développement, la  Chine continentale prend ainsi une sérieuse longueur d’avance sur le chemin de la prospérité partagée. À cette occasion surtout, le président chinois, Xi Jinping, secrétaire général du PCC, avait saisi cette opportunité pour prendre un nouvel engagement devant l’Histoire pour le futur : se projeter sur le prochain centenaire chinois dans la Nouvelle Ere, que l’Empire du milieu a du reste démarré sous des perspectives reluisantes, malgré le choc passager dû au coronavirus que le pays a su efficacement tacler. Et désormais, place nette est faite à l’édification d’une nation Chine de la Nouvelle Ere avec des ambitions avant-gardistes, centrées sur l’humain. Ainsi donc, après ce moment difficile (2019-2022) ayant affecté l’économie du monde entier, une embellie se dessine désormais sur l’économique post-covid de la Chine avec un taux de croissance de 5,2% enregistrée en 2023 soit parmi les  meilleures performances mondiales. La même performance économique est projetée pour l’année 2024. L’Empire du milieu constitue ainsi le principal pays exportateur et fournisseur des articles de toutes sortes pour l’essentiel des pays du monde, avec une contribution nette ayant dépassé les 18,5 % aux importations mondiales en 2022 et 2023. Une contribution certaine qui ne cesse de s’améliorer eu égard au comportement mélioratif de l’économie chinoise (5℅ environ de taux de croissance en 2024), soit au-dessus de 3,1% de taux de croyance économique mondiale projeté par le Fonds monétaire international.

D’ailleurs, selon les données de la Banque asiatique de développement (Bad), « la Chine reste le partenaire commercial numéro un pour la plupart des pays du monde. » Des efforts sont chaque jour fournis pour satisfaire le monde, comme l’a confirmé le Premier ministre chinois,  Li Qiang, devant l’Assemblée populaire nationale, à la faveur de la présentation du rapport d’activité du gouvernement. Une option qui s’inscrit dans la logique des efforts fournis pour faire face avec méthode à l’éradication de la pauvreté.

La recette chinoise

Loin donc d’être un effet d’annonce gouvernementale, la recette chinoise repose sur des faits tangibles et vérifiables par des indicateurs objectifs que toute personne de bonne foi et attentive et habituée à visiter cette puissance depuis ces dernières années, peut apprécier et attester à juste titre. Ainsi, 100 millions de Chinois ont vu leur niveau de vie nettement amélioré, offrant ainsi au monde un bel exemple de lutte acharnée contre ce mal qui touche l’humanité. C’est un véritable miracle humain qui marquera sans doute l’Histoire de notre civilisation. Une victoire qui traduit clairement la volonté du gouvernement chinois de prôner « la moyenne aisance. » « Nous serons déterminés à remporter la victoire décisive de l’édification intégrale  et de la société de moyenne aisance, déterminés à lutter pour éradiquer la pauvreté et à atteindre le premier des deux objectifs  centenaires », soulignait à l’occasion Xi Jinping.

Moyenne aisance ou bonheur partagé par tous                                   

En réalité, dans cet empire dit du milieu, la moyenne aisance a un contenu précis et clair. C’est un combat qui vise à assurer le bonheur à tout le peuple chinois, sans laisser personne sur la touche de la pauvreté. L’enjeu est de faire en sorte que les citoyens parviennent à satisfaire leurs besoins fondamentaux. C’est-à-dire avoir mangé à sa fin, avoir une maison, pouvoir se signer, soigner sa famille, disposer des économies, bénéficier des assurances… Les Chinois sont dans cette fourchette et se tirent merveilleusement bien d’affaires. Il faut noter que, si cette victoire contre l’extrême pauvreté a été obtenue, c’est  grâce à des options politiques pragmatiques qui ont été adoptées, implémentées efficacement.

Soutien aux couches défavorisées pour le bien-être populaire

Ainsi, dès 2014, au lendemain de l’élection du président Xi Jinping à la tête de la deuxième économie mondiale, le tournant de la lutte pour le bien-être collectif et individuel sera accéléré. Le pays a mis en place 832 comités défavorisés  répartis dans 22 provinces, régions et villes avec une mission précise : apporter un soutien sur le terrain aux couches défavorisées. La mission mobilisa 255 000 équipes réquisitionnées pour offrir un soutien indiqué. La coordination stratégique est suivie au sommet de l’État. Il s’agit précisément des comités de directions pour la réduction de la pauvreté et le développement, organe du Conseil des affaires d’Etat dont la mission est d’identifier les comités frappés par la pauvreté et formuler des politiques de développement compatibles avec la situation propre à la Chine. Les résultats n’ont pas attendu de se produire. À cet effet, entre 2015 et 2020, le pays a investi 61 milliards de dollars, destinés à lutter contre la pauvreté parmi son peuple. Grâce au succès de cette option, le « rêve chinois », qui consiste à rendre la Chine comme un pays prospère, démocratique et harmonieux lancé par Xi Jinping devient une réalité concrète.

Bien plus, sur la période 2013-2019, le revenu  par habitant est passé de 6 079 à 11 567 yuans (devise chinoise). Le pouvoir d’achat des centaines de millions de personnes est passé au-dessus du seul quotidien de 1,9 dollar, fixé par la Banque mondiale. La réinstallation des populations démunies a littéralement réussi, ce qui permet de développer la production végétale, animale, le secteur du tourisme, grâce au suivi de proximité institué

Revitalisation rurale

L’option choisie fait de la revitalisation rurale comme une priorité absolue c’est-à-dire soutenir les citoyens pauvres des zones reculées. Les citoyens eux-mêmes sont impliqués dans l’amélioration de leurs conditions de vie. L’originalité de cette approche tient de ce que toutes les équipes mobilisées sont animées par une volonté d’aider franchement leurs compatriotes. Le tact et la philosophie pragmatique utilisés ont fait leur effet. L’on a noté le succès de l’initiative sur l’ensemble du territoire chinois. Les superviseurs ont veillé sur l’effectivité du bon usage de l’argent débloqué pour soutenir les ménages.

Un suivi méticuleux par des patriotes

Le suivi méticuleux et sérieux par des patriotes a permis aux ménages bénéficiaires de produire des revenus améliorant substantiellement leurs conditions de vie. Et désormais, beaucoup parmi les plus pauvres d’hier sont devenus des puissants fermiers, agriculteurs, éleveurs grâce à leur implication personnelle et à leur prise de conscience. Voilà la traduction concrète de la sagesse chinoise qui dit « Quand un homme a faim, il vaut mieux lui apprendre à pêcher que lui donner du poisson. » L’essentiel des populations ciblées ont donc vu leur état d’indigence nettement amélioré. Ils contribuent depuis lors mieux que par le passé à la croissance économique chinoise.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette approche chinoise ?

Nous pouvons tirer quelques leçons de cette approche inclusive adoptée par la Chine : une direction efficace, une mesure ciblée et une contribution commune. Des leçons qui peuvent, en tout état de cause, nous inspirer, nous en tant que Africains, dans notre quête du bien-être, dans notre quête de développement. L’une de cette approche nous montre qu’un leadership pragmatisme et vertueux entraine le développement

S’agissant de la direction efficace, il est lié au sérieux du leadership nécessaire lequel a fait la réussite de l’approche chinoise. C’est une option animée par une bonne volonté qui conduit tout projet de développement à son terme. La Chine, sous la conduite de ses dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) et l’État, nous offre là une leçon de leadership pragmatique, dans la gestion et l’implémentation des politiques publiques, bien conçues et mieux adoptées. Ensuite, sur le plan de la cible, nous devons reconnaitre qu’elle traduit le souci de s’occuper véritablement de la masse des populations qui constituent la raison d’être de tout pouvoir politique qui se respecte. Le développement passe par le bas et non par le haut. Penser le contraire conduit à l’échec. Et pour parvenir à ce développement, il faut impliquer la base, les bénéficiaires. La Chine qui a ciblé les couches défavorisées des zones rurales, a fait un pari réussi. De ce point de vue, son secret mérite d’être étudié et analysé afin de voir comment chacun peut l’adapter à sa situation singulière. La contribution des bénéficiaires est par ailleurs à saluer. Ils ont intégré et adhéré au concept. C’est donc l’approche m participative. Les cadres envoyés sur le terrain sont aussi humbles et sont sérieusement animés par le désir de réussir. Ils sont animés par le patriotisme. L’un des mérites de cette approche à la chinoise sur la voie de l’éradication de la pauvreté est également le système de production qui augmente de manière significative. Les pauvres d’hier sont des véritables forces de production aujourd’hui. Ils ont pris conscience, ont appliqué la leçon et beaucoup sont aujourd’hui des grands opérateurs économiques prospères, parce qu’ils ont été soutenus et accompagnés par plusieurs mesures incluant les facilités fiscales. Cet accompagnement et ces facilités accordés par les autorités chinoises bénéficient aussi aujourd’hui aux opérateurs étrangers, conformément aux lois nationales en vigueur.

 L’approche chinoise peut aider l’Afrique

In fine, cette méthode que la Chine a appliquée pour vaincre la pauvreté sur son territoire vaste de 9,6 millions de Km2 peut aider les pays africains qui gagneraient à accorder une plus grande attention aux zones rurales dans leurs options de développement. Avec la Chine, nous avons compris qu’une zone rurale soutenue mettrait fin à l’exode rural, à l’immigration risquée, sans lendemain, qui endeuille chaque jour des familles africaines. C’est des bras, forces productrices qui sont ainsi amputés chaque jour à l’économie africaine. Les terres arables, l’hydrologie et autres potentiels écologiques dont dispose le continent sont des motifs d’encouragement pour les pays africains à miser sur les zones rurales, comme la Chine l’a fait et où ça marche merveilleusement bien, grâce à l’accompagnement des couches défavorisées. Nous pensons que, des programmes plus osés, avec des mécanismes de facilités adaptés, assortis des financements conséquents, pourraient créer un réel déclic parmi les jeunes et les populations rurales africaines. Ceci aura pour avantage de créer plus de richesses dans les milieux ruraux. La croissance africaine qui est en 2024 de seulement 3,5% va s’améliorer. Sa contribution à l’économie mondiale estimée à moins de 3% peut également augmenter. Des secteurs clés comme l’agriculture, l’élevage, l’apiculture, le numérique, le secteur du tourisme, l’artisanat et bien d’autres sont alors des niches à investir à l’effet de développer des activités qui offrent des réelles opportunités aux jeunes, aux couches socialement vulnérables. Les Chinois, qui entretiennent d’excellentes relations de coopération et de partenariat avec nos 53 pays africains, sont disposés à nous accompagner dans cette voie d’éradication de la pauvreté. Ils sont également disposés à nous montrer leurs secrets qui ont fait leur preuve d’efficacité. Des exemples salutaires d’accompagnement des partenaires chinois sont souvent évoquées dans plusieurs domaines sur le continent africain, mais cet accompagnement mérite d’être généralisé et accentué de manière à impliquer les maximum de personnes dans les zones rurales où vivent plus de la moitié des Africains. De la sorte, nos pays africains vont sortir de la pauvreté. Aujourd’hui, ce secteur est plus touché par ce mal parce que des initiatives d’accompagnement n’ont pas toujours produits des résultats. S’inscrire à l’école chinoise de lutte contre la pauvreté serait alors opportune. L’opportunité chinoise n’est pas à négliger, elle est à notre portée. Nous devons être sérieux, combattre nos égoïsmes, la corruption et mettre en avant l’intérêt général.

Pierre CHEMETE, Journaliste camerounais

Photo : RS

 

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