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Des sociétés minières chinoises financent le développement en Centrafrique

Un site minier à l’ouest de la Centrafrique. Crédit photo: Fiacre Salabe.

Des centaines de millions de Fcfa versés au trésor public chaque année par Tien-Pao et HW Lepo permettent à ce pays pauvre d’Afrique centrale de payer les salaires des fonctionnaires, construire des écoles, des hôpitaux et lutter contre le chômage des jeunes.

En Centrafrique, plusieurs entreprises chinoises s’activent dans divers domaines. Tien-Pao et HW-Lepo, deux d’entre elles, se font distinguer à l’ouest, près de la frontière camerounaise, où elles extraient l’or de la terre rougeâtre.

Cette exploitation minière profite-t-elle véritablement à la Centrafrique? Le reporter de The Museba Project a enquêté sur l’incorporation de Tien-Pao et HW Lepo, leurs activités, leurs contributions financières dans les caisses de l’État et même leur engagement dans la lutte contre le chômage.

Le site minier de la ville d’Abba, à l’ouest de la Centrafrique, grouille de monde ce matin de février 2020. Des excavateurs terrassent des portions de terre à la recherche de l’or. Ces engins appartiennent à Tien-Pao, une entreprise chinoise qui s’est vu octroyer, il ya dix ans, une vaste parcelle pour la recherche et l’exploitation du métal jaune.

Dans cette localité de la  préfecture de la Nana-Mambéré, quelques jeunes employés par l’entreprise ne tarissent pas  d’éloges pour les Chinois.

« Je fais partie des premiers jeunes recrutés par cette entreprise », déclare un jeune homme.   » Grâce au travail que je fais avec les chinois de Tien-Pao, j’ai pu réaliser certains de mes projets notamment la construction de ma maison ».

A Gaga, un village situé à 200 kilomètres de la capitale Bangui, HW Lepo, une autre entreprise minière chinoise, dirigée par Li Laota, a embauché des jeunes hommes et femmes, qui exploitent l’or à longueur de journées. L’un d’eux, Fabien Lingoupo, reconnait avoir appris beaucoup de techniques d’exploitation avec les Chinois.

« La majorité de notre travail est fait par les machines », dit Lingoupo. « Ils(les chinois) nous payent bien et en plus ils font aussi des œuvres sociales pour les populations du village».

Avec une population d’environ cinq millions d’habitants, la république centrafricaine(RCA) est un pays d’Afrique centrale pauvre. Pendant des années, la RCA a été secouée par des guerres civiles qui ont retardé son développement. Avec l’élection de Faustin Archange Touadera en 2016, les autorités misent notamment sur les ressources minières comme l’or et le diamant pour renflouer les caisses de l’Etat. Les entreprises minières chinoises, Tien Pao et HW Lepo, participent à cet effort national en donnant de l’emploi aux locaux des zones d’exploitation. Mais, elles ne s’arrêtent pas.

Redevances minières

En Centrafrique, une entreprise minière paie au trésor public  la somme de deux millions de FCFA par an pour l’octroi d’un permis de recherche. Selon nos informations, Tien-Pao dispose de cinq permis de recherche dans les villes à l’intérieur du pays comme  Abba, Yaloké, Gaga, Bossembélé et Lambi. A travers ces cinq sites miniers, Tien Pao paie au total 10 millions de francs CFA annuellement.

En outre, le renouvellement de chaque permis par an, est fixé à la somme de 03 millions de francs CFA, selon le code minier centrafricain. Depuis 2016,Tien Pao a renouvelé six fois les permis de recherche qu’elle dispose dans les villes concernées. L’entreprise  chinoise a déboursé pour ce faire la somme de 15 millions de FCFA, soit 90 millions de FCFA sur la durée de cinq ans; en plus des 10 millions de FCFA d’acquisition des permis de recherche.

« Je puis vous dire que le paiement se fait directement sur le compte de l’Etat et non au niveau du ministère en charge des mines et de la géologie dont nous avons la charge », déclare Sylvain Marius Ngbatoka, chargé de mission au ministère centrafricain des mines.

« A chaque renouvellement du permis de recherche annuel, il est fixé une somme supplémentaire d’un million de francs CFA », dit le fonctionnaire.

En cinq années d’exploitation dans les zones minières centrafricaines, Tien-Pao aurait versé à l’Etat environ 125 millions de FCFA, selon Hortence Seneboye, chef service de gestion des contentieux des entreprises au ministère des finances et du budget. Une contribution significative, dit-elle, à l’essor de l’économie.

Comme Tien-Pao, l’entreprise HW Lepo fait également des sacrifices financiers pour être en règle vis-à-vis de l’Etat depuis 2017. Le code minier prévoit que l’octroi du permis minier aux entreprises exploitant de l’or s’élève à 3 million de francs CFA par an. Avec ses cinq années totalisées par HW Lepo dans le village Gaga, les chinois ont versé 15 millions de FCFA au trésor public, en plus du million de Cfa annuel pour le renouvellement du permis.

Les entreprises Tien-Pao et HW Lepo ont été approchées par le reporter mais elles n’ont pas souhaité faire de commentaires.

Taxes douanières

Les entreprises minières chinoises ne paient pas que pour les permis de recherche ou leur renouvellement, leurs équipements de travail importés sont taxés par la douane centrafricaine. Les paiements des taxes et impôts sur les matériels devant servir aux activités de recherche semblent également importants.

Ainsi, Tien-Pao a importé une dizaine d’engins et machines depuis 2016, selon une source interne. Il s’agit des groupes électrogènes, des équipements de travail, des matériels de construction, des conteneurs d’outils de recherche minière. Les Chinois auraient dépensé une centaine de millions de FCFA pour faire passer ces objets à la douane, d’après notre source.

Les redevances versées par les entreprises minières chinoises Tien-Pao et HW Lepo de 2016 en 2021, aident l’Etat à faire face à des charges régaliennes, selon Abdias Teke, fiscaliste de la chambre du commerce centrafricain.

« Les versements des taxes douanières et des impôts que font les entreprises qui sont installées en Centrafrique permettent à l’État de payer le salaire des fonctionnaires, la bourse des étudiants, les pensions des retraités, sans oublier la construction des routes, hôpitaux, édifices publics et bien d’autres« , explique Abdias Teke, fiscaliste.

Ce reportage a été réalisé par Fiacre Salabe avec l’aide financière du projet Afrique-Chine de l’Université WITS en Afrique du Sud et ne reflète que le point de vue du rédacteur.

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