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La Commission Européenne risque-t-elle de se nuire avec les nouveaux droits de douane sur les véhicules électriques chinois ?

C’est peut-être la première fois que l’UE se met dans une situation aussi embarrassante dans sa politique avec la Chine, incomprise par ses propres États membres et risquant de s’attirer davantage d’ennuis dans ses futurs échanges avec ce pays. Le 12 juin, la Commission européenne a proposé, dans une décision préliminaire, d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois à partir du début juillet, un acte considéré par la Chine comme protectionniste et injuste.

À l’encontre de plusieurs pays et entreprises européens

Il est important de noter qu’Oliver Zipse, président du groupe BMW, a déclaré le jour même que les droits de douane étaient une erreur et que cette politique entraverait le développement des entreprises automobiles européennes et nuirait aux intérêts européens. Pourquoi Monsieur Zipse, qui devrait, selon la plupart des Européens, profiter de cette mesure par son caractère protectionniste, finit-il par la réfuter ?

Parce que BMW a déjà noué une coopération approfondie avec le marché chinois après 30 ans de présence sur ce marché et a mis en place le réseau de R&D le plus complet et le plus grand en dehors de l’Allemagne, renforçant ainsi la capacité de développement et de validation de l’ensemble du processus des véhicules à énergie nouvelle de BMW localisés, avec des projets à venir.

Similairement à Zipse, l’Allemagne, la Hongrie et la Norvège s’opposent également à ces droits de douane. Ces pays sont précisément ceux au sein de l’UE qui sont à la pointe de la coopération avec la Chine dans le domaine des véhicules électriques. Si ces pays trouvent des intérêts dans leur coopération avec la Chine mais que ceux-ci seront affaiblis par cette politique de l’UE, la politique ne sera que plus négative.

Il ne faut pas non plus oublier les entreprises européennes en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement et de la chaîne d’industrialisation, qui ont déjà tissé des coopérations avec la Chine et tirent profit de l’exportation de voitures co-produites. Par exemple, le fabricant chinois Chery Automobile et Continental AG, le fabricant allemand de pneus, ont commencé à collaborer en 2019 pour développer de nouveaux pneus à faible résistance au roulement et silencieux, adaptés aux véhicules à énergie nouvelle, à Wuhu, dans la province de l’Anhui en Chine. Continental accélère le développement de pneus mieux adaptés aux véhicules à énergie nouvelle afin de répondre à la demande croissante des entreprises chinoises de véhicules à énergie nouvelle. Si les nouveaux droits de douane sont appliqués, cela nuira aux intérêts des entreprises allemandes en Chine. Une politique de la Commission européenne qui fait d’une pierre deux coups, mais à son propre détriment.

À lencontre des engagements verts

Cette mesure nuit gravement aux consommateurs européens et compromet les efforts écologiques mondiaux. L’Agence internationale de l’énergie estime que pour atteindre la neutralité carbone, la demande mondiale de véhicules électriques doit atteindre 45 millions d’unités d’ici 2030, et celle de nouvelles installations photovoltaïques doit quadrupler pour atteindre 820 GW. L’Europe, continent qui prône toujours la cause verte, ne semble pas, pour cette fois-ci, se préoccuper des contributions que les voitures à énergie nouvelle chinoises, qui ne représentent actuellement que 8% du marché européen, peuvent offrir à l’Europe.

La suite pourrait nuire à lexportation de lEurope

Si de tels agissements sont appliqués, la Chine devrait prendre des mesures pour riposter. Cela pourrait se faire de plusieurs manières, selon des médias chinois.

Par exemple, des professionnels de l’industrie automobile en Chine ont récemment appelé à augmenter temporairement les droits de douane sur les importations de voitures à essence de grande cylindrée (moteurs de plus de 2,5 litres) pour réduire l’empreinte carbone. La Chine met en place ces procédures. Actuellement, la valeur annuelle des exportations de ces voitures de l’Europe vers la Chine atteint 18 milliards de dollars, chiffre supérieur à celui des exportations de voitures électriques chinoises vers l’Europe en 2023. Si la Chine choisi de riposter, une augmentation des droits de douane affecterait principalement les marques européennes comme BMW et Mercedes-Benz, impactant ainsi les exportations européennes.

Il reste encore plus de deux semaines avant l’application de cette mesure par l’Union européenne. L’UE dispose donc de temps pour réévaluer cette politique de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois et engager des négociations avec la Chine. Le 12 juin, Volkswagen a appelé la Commission européenne à utiliser la seconde moitié de l’année pour négocier avec la Chine une réglementation équitable pour les constructeurs automobiles européens, sans restreindre inutilement le libre-échange. Attendons l’évolution de la situation. À suivre.

Note de l’éditeur : Cet article reflète le point de vue de l’auteur Shanhui Zhang, Commentatrice de CGTN Français et pas nécessairement celui de l’Actu Chine-Cameroon
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