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Quand la présence chinoise en Afrique réduit l’esprit de « possessions »

L’An 2000 est probablement l’année où la Chine et les États africains ont compris qu’il fallait définitivement tourner la page d’une histoire sombre et effrayant d’un continent qui peinait à se développer sous l’emprise des « possessions ».

L’histoire de « possession » en Afrique

Il se raconte dans les livres d’Histoires que c’est depuis les années 1875 que les entités africaines, à l’exception de l’Ethiopie et le Libéria, sont progressivement soumises à une colonisation absolue des pays occidentaux. Il s’agit de la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Portugal, l’Italie, l’Espagne… qui ont décidé unilatéralement de se partager le continent africain au nom de la colonisation. Un esprit de « possessions. » L’indépendance des pays africains chantée au début des années 1957, après de la Deuxième Guerre Mondiale marquée par la participation des « tirailleurs » africains au profit des européens, ne se résumera qu’à une simple proclamation. Presque tous les territoires africains sont restés sous le contrôle des puissances impérialistes qui ont suffisamment eu leur temps de les manipuler. Les pays africains ont enduré des exactions orchestrées par les politiques étrangères au nom de « possessions. » Les médias occidentaux se sont ironiquement amusés à nommer un territoire africain par une « possession » de la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal, etc. Ce qui réduisait les peuples africains pour des simples spectateurs en tout.

Presque tous les dirigeants africains étaient tenus de ne rien faire ou dire sans avoir obtenu l’avis préalable du colon. L’économie africaine est piétinée. Le commerce entre les Etats africains et ces pays impérialistes, est essentiellement centré sur l’exportation des matières premières africaines en destination Europe contre les produits défaits, ainsi que quelques pièces de monnaie allouées sous fonds de dette extérieure aux pays africains. La politique étrangère des pays africains est frustrée à l’échelle internationale. Aucun soutien bilatéral en faveur du développement de l’Afrique. Les gouvernements des Etats africains sont d’abord très fragiles. Des coups d’État et guerres civiles en vagues dans le continent. Les sociétés africaines meurent de faim. Aucun développement enregistré. Tout ceci sera observé jusqu’à la veille de l’année 2000 où la coopération sino-africaine aussi vielle de plus de 60 ans aujourd’hui, a décidément pris conscience de renverser la tendance. Et vint une nouvelle page pour l’Afrique.

Fin de l’esprit de « possession »

« Sortir de la pauvreté n’est pas un point final, mais le point de départ d’une nouvelle vie et d’une nouvelle quête », Xi Jinping. Avec la relative pauvreté de l’Afrique dans tous les aspects, les États africains à travers leurs dirigeants, ont renouvelé à de nombreuses reprises, plusieurs appels pour réaliser des réformes audacieuses, ainsi que l’ouverture pour l’international. Des réformes fructueuses aux plans économique, politique et social, sous l’auspice de la coopération Chine-Afrique. L’Afrique s’est tournée vers elle-même afin de questionner son mode de déploiement en tous points. Le continent est soutenu par la Chine afin de surpasser les limites pour que ceux au-dessus d’elle ne lui tirent plus d’affaire.

Nous sommes en l’An 2000, Pékin décide de renforcer ses liens de coopération en Afrique en s’appuyant sur le discours du tiers-mondiste Sud-Sud fondé sur un passé, constamment rappelé par la lutte commune contre « l’impérialisme. » Pour cela, la République populaire de Chine présente aux pays africains, les nouveaux liens des relations diplomatiques, ceci avec son potentiel économico-commercial. À l’égard, les Etats africains bondissent sur le charme chinois. Ce sont des grandes orientations stratégiques de développement mutuel entre les peuples africains et chinois. Les deux partenaires passent aussitôt à la signature de plusieurs accords de partenariats pour le développement mutuel, mettant l’accent sur les intérêts des peuples africains unis, en opposition au modèle néocolonialiste traditionnel. La coopération sino-africaine est redynamisée pour le développement de l’Afrique.

Dans cet élan, le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) est fondé à la même période. Cet excellent cadre créé au cours de l’année 2000 par les dirigeants chinois et africains, est développé en fond pour mener à bien et en permanence, les consultations sur un pied d’égalité ; approfondir la connaissance mutuelle ; élargir les terrains d’entente ; renforcer l’amitié et promouvoir la coopération entre les pays africains et la Chine sur tous les plans. Il s’est institutionnalisé avec le temps pour devenir un modèle de plateforme du dialogue collectif et de coopération pragmatique entre les pays du Sud. Le Forum se tient tri annuellement à Pékin ou dans un pays africain.

Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine publié pour la première fois à Pékin au mois de janvier 2006 précise que « la Chine œuvre à établir et développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique. » Une position diplomatique qui rappelle convenablement les principes généraux de la coexistence pacifique que la Chine a toujours prônée dans son approche et qui s’exprime quasiment dans tous ses actes. Il s’agit pour la Chine de développer les échanges tout en multipliant les visites de haut niveau qui soulignent abondamment l’importance de l’Afrique ; d’accroître l’aide sans aucune condition politique interne et externe aux pays africains ; de pousser la communauté internationale à augmenter son soutien aux États africains et de défendre le rôle de l’Afrique sur la scène internationale.

La Chine est donc prise par les dirigeants africains pour une opportunité. Dès lors, le mouvement d’impérialisme dominé par l’esprit de « possession » commence à se régresser. Et vient donc le développement de l’Afrique appuyé par les multiples soutiens de la Chine.

Focus sur la coopération sino-camerounaise

Le Cameroun par exemple a fait une bonne route en destination Chine. Le pays a connu une transformation soutenue par la Chine depuis plus d’une décennie. En effet, le Président de la République du Cameroun, S.E. Paul Biya, s’est déjà rendu 6 fois en Chine, soit en Mars 1987 (entretien avec DENG XIAOPING), Octobre 1993, Septembre 2003, Novembre 2006 et du 20 au 21 Juillet 2011 avec l’arrivée du président Xi Jinping au pouvoir, puis en mars 2018 lors de la 7e Conférence ministérielle sur la Coopération Chine-Afrique.

Au cours de sa visite du 20 au 21 juillet 2011, plusieurs accords de coopération ont été signés : un mémorandum d’entente pour la facilitation des voyages des touristes chinois en groupe au Cameroun ; un accord de prêt préférentiel de 433 millions de yuans soit environ 27,651 milliards de F CFA pour le projet e-post ; prêt sans intérêt de 100 millions de yuans soit environ 6,386 milliards de FCFA ; un don sans contrepartie de 50 millions de yuans soit environ 3,193 milliards de F CFA et un protocole d’exécution de l’accord culturel pour la période 2011-2014.

En mars 2018 lorsque le président camerounais Paul Biya voyageait pour la 7e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine à Pékin, un journaliste français lui posa la question de savoir ce que la République populaire de Chine apporterait de nouveau aux peuples camerounais : « Eh bien, beaucoup d’amitié, certains projets, on coopère, comme avec la France. Mais la Chine n’enlève rien à personne », a répondu le Chef de l’État camerounais au français. Une déclaration qui répond au mal général et profond que les impérialistes ont fait aux pays africains.

Au clair, la République du Cameroun est sortie de cette barrière de coopération empreinte des démarches de domination sur tous les plans, pour multiplier ses relations de coopération avec la Chine. Une collaboration qui apporte dorénavant du bonheur aux peuples camerounais : la construction sous financement chinois d’un lycée technique agricole de Yabassi, d’un Centre d’Application et des Technologies Agricoles de Nanga-Eboko, d’un barrage hydroélectrique à Mekin, de deux stades Omnisports à Limbé et à Bafoussam, d’un port en eau profonde à Kribi, d’un barrage à Memve’ele, de l’autoroute Kribi-Lolabé, de 1500 logements sociaux à Yaoundé, de la fibre optique, de deux hôpitaux gynéco-obstétriques et pédiatriques à Yaoundé et Douala, du Palais polyvalent des Sports de Yaoundé, d’une école publique à Mvomeka’a, etc.

D’autres grands projets sino-camerounais en cours de réalisation ou en attente d’inauguration qui expriment le courage africain de dire non aux histoires de « possession » sont : la construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, du nouvel immeuble siège de l’Assemblée nationale du Cameroun, de 145 forages d’eau potable à motricité humaine, ainsi que le Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et de ses environs à partir du fleuve Sanaga (PAEPYS), le projet d’alimentation en eau potable de neuf (09) villes du Cameroun, le projet d’adduction d’eau potable de la ville de Douala et les projets d’exploitation du minerai de fer dans le sous-sol de Lobé à Kribi et Mbalam-Nabeba entre le Cameroun et le Congo.

La Chine est actuellement le premier fournisseur du Cameroun avec un poids de l’ordre 15,8%, représentant 775,8 milliards de F du volume total des importations.

En général, la Chine a visiblement influencé l’esprit de « possession » en Afrique par sa diplomatie de coopération gagnant-gagnant mais surtout avec son projet mondial « la Ceinture et la Route », développé depuis plus d’une décennie par le président chinois S.E. Xi Jinping.

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