Au moment où nous saluons fidèlement et collectivement sa partie émergée de développement économique et commercial, la coopération sino-africaine intègre un autre aspect de beaucoup d’intérêt. Il est prépondérant dans le contenu mis en application pour construire une communauté sino-africaine de destin partagé de haut niveau. C’est vrai qu’ils y étaient déjà mais reconnaissons que les échanges humains et culturels entre la Chine et l’Afrique se sont multipliés ces dernières années produisant des fruits incommensurables. Certes que cela a commencé avec l’avènement de la flotte de l’amiral chinois Zheng He en Afrique de l’Est, 700 ans avant. Et aussi, le voyage pionnier de l’explorateur marocain Ibn Battûta qui visite la Chine au 14e siècle avant la publication de son œuvre Voyages cette expérience fascinante.
Disons-nous la vérité : pour mieux coopérer, il est d’un capital que les coopérants se connaissent. Et pour se connaître, il faut des échanges culturels et humains car la culture est l’élément fondamental d’un être humain. La Chine et l’Afrique ayant pris connaissance de cela depuis toujours, traversent les distances qui les séparent afin de se rapprocher l’une de l’autre. Lors des rendez-vous sino-africains très et moins vendus, les cultures chinoises et africaines s’entremêlent pour la prospérité des relations de coopération sino-africaine. Des initiatives basées sur le partage mutuel de la philosophie des savants chinois et africains sont régulièrement prises pour faciliter l’inspiration mutuelle entre les deux civilisations.
En tout et avant tout, les peuples chinois et africains nous semblent être liés depuis toujours. Ces liens peuvent-être lus à travers la philosophie Ubuntu qui préconise la compassion et le partage, le concept Mbongi qui valorise la consultation et le dialogue et, la pensée de Confucius, fondée sur l’amour à l’égard de tous les êtres, la recherche du bien commun et la quête d’un monde harmonieux. Des principes philosophiques rigoureux qui coïncident et exhortent l’attachement aux intérêts collectifs, le respect pour les personnes âgées et les hommes vertueux, l’égalité, la tolérance, l’harmonie entre l’homme et la nature… Ils sont nécessaires pour les peuples chinois et africains travaillant à poursuivre leur tradition de solidarité, de bâtir ensemble une communauté sino-africaine d’avenir partagé dans la nouvelle ère.
Que déchiffrons-nous exactement dans les échanges culturels et humains entre la Chine et l’Afrique ? Karl Marx a dit : « Tout pas en avant du mouvement réel vaut plus qu’une douzaine de programme. » A la proposition de nombreux slogans, la Chine et les pays africains préfèrent l’action. Pékin a envoyé en 1963, la première équipe médicale chinoise en Algérie, l’Afrique du Nord. Dès lors, plus de 24 000 professionnels de santé chinois ayant prêté leur service en Afrique. En plus de la 23e équipe médicale chinoise actuellement en mission au Cameroun, 44 autres restent encore sur le continent, réparties dans plus de 100 localités des 44 pays, pour apporter des soins aux patients locaux et partager des expériences avec leurs confrères africains.
Apporter de soins à une personne est une preuve d’amour incommensurable. En le faisant, on échange intimement avec le patient. Le docteur Qin Haili de la 22e équipe médicale chinoise au Cameroun avait confié au magazine Actu Chine-Cameroon que son expérience au Cameroun lui a permis de conclure qu’un « bon médecin, c’est un gardien de la santé. » Et nous pouvons ajouter que l’on choisit son gardien par confiance. Au clair, les médecins chinois, lors de leur mission en Afrique, mettent les patients africains en confiance. Des médecins africains vont à leur tour en Chine afin de passer les séminaires de perfectionnement.
D’autres chiffres retrouvables qui nous renseignent fidèlement sur la dynamique des échanges culturels et humains entre la Chine et les pays africains, constituent la formation et l’enseignement. On ne peut mieux échanger que si on se comprend bien, si on parle la même langue. 67 Instituts Confucius et 10 Classes Confucius ont été mis en place sur le continent africain, et 16 Ateliers Luban ont été créés dans 14 pays africains à l’effet de partager la langue chinoise aux peuples africains. Dans ce même registre, l’on indique que 3 000 entreprises chinoises sont installées en Afrique, montant pour certains, les écoles techniques professionnelles pour le bien des populations locales. S’ajoute à ceci, la formation des cadres africains en Chine et d’autres bourses d’études chinoises.
Ça ne suffit pas ! Le président Xi Jinping lève la barre haute. Au nom de tous les peuples chinois, le leader chinois a annoncé un Plan de coopération sino-africaine pour le développement des talents. C’était à l’occasion du Dialogue des dirigeants chinois et africains tenu en août 2023 à Beijing, Chine. Cela donne de l’énergie nouvelle à la coopération sur les ressources humaines entre la Chine et l’Afrique et aux échanges des jeunes, pourra contribuer efficacement à l’administration de certains projets sino-africains. Bref, renforcer significativement la gouvernance africaine. L’engouement de son adhésion par tous, peut donc se situer à ce niveau.
Cela ne fait donc pas la destination que certains auraient pu prédire. Beaucoup en pariaient déroutés. L’édification commune des civilisations sino-africaines visant à sortir de la pauvreté et à enrichir les peuples chinois et africains, est en marche. Elle constitue une force motrice interne au progrès des relations de coopération et d’amitié entre la Chine-Afrique. Et c’est aussi Xi Jinping, le président chinois, qui a lancé le 15 mars 2023, l’Initiative pour la civilisation mondiale lors du Dialogue de haut niveau entre le Parti communiste chinois et les partis politiques mondiaux. Le dirigeant chinois a appelé de ce fait, à transcender le clivage civilisationnel par des échanges, à surmonter le conflit des civilisations par l’inspiration mutuelle et à dépasser la supériorité civilisationnelle par la coexistence.
Cet appel mondial qui revête aussi le développement, sonne tendrement à la veille de la 9e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération Sino-Africaine. Il sera donc opportun pour les parties chinoises et africaines d’élargir les réflexions à cet égard, même si l’on lui reconnait déjà quelques avancées.
Gérard Njoya