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Chine-Afrique : sortir des colonies par la vision de développement partagé

Photo de la cérémonie d’ouverture du Sommet de Beijing 2018 du Forum sur la Coopération Sino-Africaine

Comment feuilleter de manière pertinente ce que l’on pourrait considérer comme le dictionnaire de notre souveraineté par ces temps où cette notion questionne singulièrement nos pratiques et interrogent substantiellement nos marges de manœuvres pour faire face aux multiples défis auxquels nous sommes confrontés ? Deux « entrées » pourraient être instructives pour tout le monde qui s’y intéresse.

La première conduit évidement à jeter un regard sur les luttes communes menant à la libération des pays depuis la « guerre » de l’indépendance. L’Afrique a essuyé les plus grosses boules de cette lutte et poussé des cris vers l’extérieur dans le seul but de se voir émergeante. Mais comment ? Jomo Kenyatta du Kenya, Kwame Nkrumah du Ganha, Felix-Roland Moumie du Cameroun, Léopold Sédar Senghor du Sénégal et d’autres dirigeants africains de la génération ancienne, rassemblés sous la bannière du panafricanisme, se sont lancés depuis 1950 dans une lutte héroïque pour l’indépendance de leurs pays. Ensuite, l’émancipation du continent africain. C’était légitime et inspiratrice. Les générations africaines se sont passées mais la vision panafricaniste de ces leaders est restée intouchable. L’Afrique s’en serre rationnellement. Dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) tout comme la Zone de libre-échange du continent africain (ZLECAf) lancée par les africains, l’étiquette du panafricanisme y est avérée insufflant une nouvelle dynamique à l’émergence collective de l’Afrique.

Le deuxième accès à la souveraineté de l’Afrique se situe dans son ouverture face aux nouvelles opportunités. Après avoir réussi la lutte de l’indépendance politique, les pays africains se sont encore faits face à des sérieux problèmes, ceux de voir l’Afrique se développer économiquement. Toutes les mains prétendues tendues aux africains, qu’elles soient américaines ou occidentales, sont hypocrites. Et c’est à Joseph Stiglitz, ancien vice-président de la Banque mondiale (BM), qu’on doit toute la vérité des faits lorsqu’il affirme à vive voix que : « écouter les réflexions des ‘‘pays clients’’ sur des sujets comme la stratégie du développement ou l’austérité budgétaire n’intéresse pas beaucoup le Fonds monétaire international (FMI). Trop souvent, il s’adresse à eux sur le ton du maître colonial, (…) Le FMI prétend qu’il ne dicte jamais un accord de prêt, qu’il négocie toujours les termes avec le pays emprunteur. Mais ce sont des négociations unilatérales : il a toutes les cartes en main, pour la raison essentielle que beaucoup de pays qui sollicitent son aide ont désespérément besoin d’argent (…) Parfois on a l’impression que les conditions ne sont qu’une démonstration de force. » Des manœuvres autoritaires sur les politiques économiques des pays du continent africain, s’i l’on s’en tient ne ce reste qu’à ce témoignage sur l’action du FMI auquel les Etats en situation inconfortable ont recours pour tenir face aux crises économiques.

Sortons donc avec cette arrivée décolonisatrice de l’Afrique. C’est le président Paul Biya du Cameroun qui fait une révélation à la presse alors qu’il voyageait à destination Chine pour prendre part à la 7e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération Sino-Africaine. « Eh bien, beaucoup d’amitié, certains projets. On coopère avec la France mais la Chine n’enlève rien à personne », a répondu le dirigeant Camerounais à un journaliste français qui lui posa la question de savoir pourquoi le Cameroun est tourné vers la Chine. Il aura donc fallu le désormais Paul Biya qui dit à mondovision la vérité aux occidentaux.

De toutes les façons, la création du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FCSA) en l’An 2000 est de toute évidence pris par les dirigeants africains pour une solution répondant à la problématique de développement de l’Afrique. C’est une plateforme de développement qui honore l’Afrique et la Chine en tous points. Les réalisations de l’amitié Afrique-Chine commencent à faire ombre aux œuvres coloniales. Pour bien encadrer cette relation d’amitié de coopération, le président chinois Xi Jinping évoque cinq principes : les principes de sincérité, de résultats réels, d’amitié et de bonne foi et de poursuite du bien commun et des intérêts partagés qui couvrant le déploiement sino-africain, lui donnant la forme explicite de coopération gagnant-gagnant. L’heure est donc arrivée à l’action et l’action est le développement partagé entre la Chine et les pays du continent africain.

Convenons-nous sur ceci pour sortir définitivement. Si les dirigeants africains se sont appuyés du Forum sur la Coopération Sino-Africaine créé seulement en 2000 pour réaliser un certain nombre d’infrastructures de développement, c’est qu’il y a lieu de continuer à croire au modèle chinois. Et c’est en apprenant que la Chine a décidé pour sa modernisation approfondie en offrant une nouvelle alternative pour les autres pays en développement que le FCSA s’invite en son 9e sommet. Disons, une fenêtre d’opportunité pour les dirigeants africains de parler avec les dirigeants chinois sur le développement accéléré de l’Afrique.

Gérard Njoya

 

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