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FOCAC 2024 : analyse d’un journaliste africain sur le discours d’ouverture de Xi Jinping

Il n’a pas prononcé un, mais plusieurs discours à l’occasion du 9e Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC) de Beijing 2024. Celui qui nous intéresse, est naturellement le discours de la cérémonie d’ouverture où Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, face à ces distingués invités notamment, les dirigeants africains, a tracé la voie d’une coopération nouvelle entre la Chine et l’Afrique à l’époque contemporaine. C’était sous le ciel de Beijing, la capitale de Chine, le 5 septembre 2024.

Face à une assemblée sino-africaine riche et marquée par la présence comptée du président en exercice de l’Union Africaine (UA), Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, des chefs d’État et de gouvernement africains, des chefs de délégation du FOCAC 2024, du président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, S.E Xi Jinping a déclaré du haut de son perchoir que « l’amitié sino-africaine, en transcendant le temps et l’espace et en traversant les montagnes et les océans, s’est transmise de génération en génération. » C’est une déclaration qui trouve tout son sens dans la participation des nouveaux et jeunes présidents africains au FOCAC alors que le Forum garde ses mêmes principes depuis 24 ans : avancé main dans la main dans l’esprit de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi.

Bien que la Chine et l’Afrique aient déjà écrit des belles pages d’histoire de leurs relations d’amitié depuis près de sept décennies, Xi Jinping chérisse que les deux parties doivent élever leur coopération bilatérale sous l’ère du FOCAC soutenue par l’Initiative “la Ceinture et la Route” (ICR). « Pour leur ouvrir de nouvelles perspectives, je propose de porter au niveau stratégique les relations bilatérales entre la Chine et tous les pays africains ayant des relations diplomatiques avec elle, et de rehausser les relations sino-africaines à une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de tout temps à l’ère nouvelle. », a évoqué pour la première fois, Xi Jinping à ses frères et amis africains.

Stratégie en vue d’élévation des relations bilatérales sino-africaines

Pour écrire un nouveau chapitre sino-africain dans la nouvelle ère, le président Xi Jinping propose un plan conjoint chiffré sur six points. C’est un ensemble de mode opératoire pour la modernisation recherchée par les pays du Sud global. Selon M. Xi, il s’agira pour la Chine et les pays africains de promouvoir une modernisation marquée par la justice et l’équité, l’ouverture et le gagnant-gagnant, la primauté au peuple, la diversité et l’inclusion, le respect de l’écologie et enfin, la paix et la sécurité. Cette vision n’a rien à voir avec l’intérêt personnel et le protectionnisme.

En évoquant cette stratégie commune d’élévation des relations bilatérales entre la Chine et les pays africains, M. Xi exprime ainsi une cohérence et une constance dans sa vision de développement basé à la fois sur l’observation du présent et sur une planification visionnaire. Penser à une modernisation des pays du Sud global qui prendra en compte, tous les aspects de la vie humaine. C’est un esprit nouveau des relations qui surpasse celui des pays occidentaux dont l’histoire nous raconte seulement, la guerre, la pauvreté, le sous-développement, etc. Et pour mettre ses pairs africains en confiance sur ce chemin de l’espoir pensé, le président chinois Xi Jinping évoque en somme, dix Actions de partenariats sino-africains pour la modernisation bilatérale Chine-Afrique.

Actions conjointes Chine-Afrique pour la modernisation

Pour approfondir la coopération sino-africaine et guider la modernisation du Sud global, la Chine par la voix de son illustre président, s’est projeté côte à côte avec l’Afrique dans la durée et les actes. Au clair, les deux parties travailleront pour la modernisation conjointe en matière du commerce, des civilisations, de santé, des chaînes industrielles, de l’agriculture, de sécurité, de développement des échanges humains et de la culture, de développement d’infrastructures, de développement vert et d’interconnexion.

Ce qui sera de la modernisation de l’agriculture en Afrique soutenue par la Chine au cours des trois prochaines années, constitue une véritable aubaine de finir avec la mal nutrition dans le continent et de relever la valeur de production agricole des pays africains. La Chine annonce des aides alimentaires d’urgence d’un milliard de yuans RMB à destination Afrique et de construire dans le continent, des zones de démonstration agricole standardisées d’une superficie de 100 000 mu (environ 6 670 hectares). Outre, Pékin enverra aussi 500 agronomes chinois dans les 53 pays africains ayant tissé les liens de coopération avec la Chine. Une déclaration forte qui pourra participer à la revitalisation des zones rurales du continent et de ce fait, contribuer à la création d’emploi.

D’autres promesses lourdes capables de transformer le paysage des pays du Sud global en occurrence les pays africains, sont orientés sur la réalisation conjointe des 30 projets d’interconnexion d’infrastructure, des 30 projets d’énergie propres, de 20 projets d’infrastructures médicales et de lutte contre le paludisme, de 25 centres d’études sur la Chine et l’Afrique sur le continent africain. Ce sont, en plus des 10 000 km de rails, de 60 000 km des lignes de transmission d’énergie, de 100 000 km d’autoroutes et de routes, de 200 000 km de fibres optiques et des barrages et des ports déjà construits dans le continent africain à travers le FOCAC, des efforts sino-africains qui pourront concrétiser la vision de la modernisation recherchée par les deux parties. Ce dont, les peuples africains en ont besoin pour leur épanouissement.

Par ailleurs, le discours d’ouverture du FOCAC 2024 prononcé par le président Xi Jinping dégage des projets en vue d’intérêt social. Soit, 1 000 projets de bien-être social Petits et Beaux à réaliser conjointement en Afrique à partir de l’année prochaine, ainsi que la réalisation de 500 projets d’intérêt public dans le continent africain. Des actes sociaux pour améliorer la qualité de vie des populations.

Les échanges humains et culturels ont constitué dans le discours de Xi Jinping, un point essentiel caractérisé par la diversité et l’innovation dans la nouvelle ère. Xi a lancé que la Chine invitera 1 000 personnalités de partis politiques africains afin d’approfondir les échanges d’expériences sur l’édification des partis politiques et la gouvernance d’Etat. C’est une belle initiative à concrétiser lorsque l’on connait et reconnait les prouesses du Parti communiste chinois. Pareillement, la promesse chinoise d’envoyer 2 000 professionnels médicaux chinois vers les pays africains, est une initiative aux partages d’expériences dans le domaine de la santé même si, leur mission première sera d’apporter les soins supplémentaires aux usagers.

L’innovation est certes numérique mais Xi Jinping oriente et pousse un peu plus loin dans une modernisation voulue par la Chine et l’Afrique. Son discours trace une nouvelle forme bénéfique de partenariat sino-africain dans le secteur, mettant en exergue la formation des jeunes et femmes. La Chine travaillera avec l’Afrique à créer un institut d’ingénierie et à mettre en place dix Ateliers Luban. Elle mettra en œuvre sur le continent africain, 20 projets de démonstration du développement numérique et construira avec les pays africains, un centre de coopération sur les technologies numériques et, proposera 60 000 places de formation en faveur des femmes et des jeunes africains. En une seule phrase, il s’agit ici de mettre la frange jeune et femme africaine au même niveau de considération avec celle de la Chine. Voire, les intégrer davantage dans la coopération bilatérale sino-africaine.

« La Chine élargira de sa propre initiative et de façon unilatérale l’ouverture de son marché », a annoncé M. Xi Jinping. Le président chinois ajoute par la suite que la Chine « élargira l’accès des produits agricoles africains à son marché, approfondira la coopération sino-africaine sur l’e-commerce et autres domaines, et mettra en œuvre un programme sino-africain sur le rehaussement de la qualité. » En fait, Xi Jinping répond à la question que tout le monde pouvait se poser sur le développement de l’agriculture à savoir : où iront les produits africains lorsqu’on sait que les puissances hégémoniques n’ouvrent pas leurs marchés aux produits agricoles africains ? Bienvenue donc en Chine, à l’avocat du Cameroun, les grains de café, le piment et le thé noir du Rwanda, les roses du Kenya, le café de la Côte d’Ivoire et de l’Ouganda, le vin de l’Afrique du Sud et les peintures sur écorce du Mali, etc.

« Dans ce cadre, mon pays a besoin par exemple, dans le domaine militaire, d’une gamme variée d’équipements et de matériels modernes, y compris de l’assistance technique pour faire fonctionner et entretenir tout cela », a déclaré aux dirigeants chinois, le président camerounais Paul Biya lors d’une rencontre avec son chinois Xi Jinping, en marge à l’ouverture du FOCAC 2024. Xi Jinping aurait reçu durant la phase du FOCAC 2024 réservée à sa rencontre personnelle avec les présidents des pays africains, de nombreuses demandes allant dans ce sens. Et pour répondre à leurs attentes, la Chine propose donc, un partenariat stratégique pour la sécurité commune où Pékin fournira donc à la partie africaine, des aides militaires sans contrepartie d’un milliard de yuans RMB. En plus, Xi Jinping annonce que son pays formera au bout de trois ans à venir, 6 000 professionnels militaires et 1 000 agents de police et d’application de la loi puis, invitera 500 jeunes officiers à venir en visite en Chine.

Au regard d’un ensemble de réalisations que le FOCAC a déjà effectuées depuis sa création en 2000, on peut évidemment dire que les actions de Xi Jiping pour la modernisation sino-africaine constituent un espoir. Il faut y croire… Ce n’est pas un discours des politiciens aux militants encore moins des discours de la France-Afrique parfois remplis de fausses promesses. En somme, la réalisation conjointe de cette vision proposée par le président de la République populaire de Chine, Xi jinping, constituera dans les trois prochaines années, une démonstration de force des pays du Sud global et inscrira la Chine et l’Afrique sur la scène mondiale de la modernisation recherchée par l’humanité.

Pour terminer, Xi Jinping appelle à un rassemblement sino-africain autour d’un soutien financier chinois en vers l’Afrique de 360 milliards de yuans RMB dans les trois ans à venir, y compris 210 milliards de yuans RMB de ligne de crédit, 80 milliards de yuans RMB d’aides sous différentes formes et au moins 70 milliards de yuans RMB d’investissements d’entreprises chinoises sur le continent, pour la modernisation bilatérale Chine-Afrique. Ce n’est donc pas un soutien de trop de la Chine au profit de l’Afrique, mais un coup de pousse de plus d’un pays frère, ami et partenaire stratégique des pays africains. Aux africains d’en prendre donc conscience et de faire valoir auprès de la Chine, leur diplomatie de recherche des financements.

Gérard Njoya

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