Dr. Taling et la lettre au président Xi Jinping : un Dialogue d’élites
Le Dr. Taling Tene Rodrigue, vice-directeur du Centre d’Etudes Francophones de l’Université Normale du Zhejiang, fait partie des universitaires africains qui ont cosigné une lettre au président chinois Xi Jinping, et qui ont récemment reçu une réponse de ce dernier. Rodrigue affirme que la collaboration de l’Afrique avec la Chine présente un énorme potentiel pour relever quelques défis les plus urgents du continent africain, tels que la pauvreté, les infrastructures et le progrès technologique.
En prélude au 75e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, le vice-directeur, Rodrigue Taling a accordé un entretien spécial au média national Chinois CCTV 13 sur la coopération entre la Chine et l’Afrique ainsi que sur la lettre dont il cosigné au président Xi Jinping. Actu Chine-Cameroon reprend l’extrait de cette interview.
CCTV : A Ton avis, quels sont les motivations profondes des universitaires africains d’écrire au président Xi ?
La lettre des universitaires africains au président Xi est non seulement un salut au peuple chinois, mais aussi une affirmation de l’amitié sino-africaine.
Les universitaires africains espèrent que les peuples chinois et africains pourront unir leurs forces pour faire face aux défis mondiaux notamment, le changement climatique, la prévention et le contrôle des maladies ainsi que d’autres challenges majeurs.
Plus important encore, lorsque les pays du Sud sont confrontés à de nombreux défis à l’international tels que l’unilatéralisme, le protectionnisme commercial, l’injustice dans les systèmes internationaux, nous avons la responsabilité en tant qu’universitaires d’apporter la sagesse et le soutien intellectuel à nos dirigeants.
Ainsi, en prélude au 4e Sommet du 9e Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FCSA) qui s’est tenu à Beijing ce septembre 2024, nous, universitaires Africains, prenant en compte nos différences d’opinions, de nationalités et de domaines d’expertises, avons trouvé utile de mettre ensemble nos principales idées et suggestions sur le futur développement des relations sino-africaines. D’où la lettre au président Xi.
CCTV : Quel sont vos impressions quant à la réponse du président Xi ?
La réponse du président chinois nous honore, moi et mes collègues d’une part, et l’Afrique d’autre part. En effet, cette lettre de réponse reflète non seulement l’importance que la Chine attache à l’éducation et au monde universitaire africain, mais démontre également la profonde amitié et la coopération étendue entre la Chine et l’Afrique. Une telle reconnaissance et un tel encouragement inciteront davantage les universitaires africains à se consacrer à la cause de l’amitié sino-africaine.
Ce qui m’a le plus marqué dans la réponse du président Xi, c’est l’importance qu’il attache au « Consensus de Dar es Salaam ». Il espère que, sur la base de ce Consensus, nous renforcerons l’exploration de la meilleure voie de développement possible pour les pays du Sud, et que nous continuerons à construire une communauté de destin sino-africaine de haut niveau, et surtout que les universitaires africains apporteront sans cesse du soutien intellectuel important à la sauvegarde des intérêts communs du Sud global.
CCTV : La lettre mentionne en effet le « Consensus de Dar es Salaam » entre la Chine et l’Afrique. Que représente selon vous ce consensus entre la Chine et l’Afrique ? Quel est le point le plus important dans ce consensus ?
Permettez-moi de rappeler que le « Consensus de Dar es Salaam » a été proposé en mars 2024 par des universitaires africains et chinois à l’occasion du 13e Forum du Dialogue Think-Thanks Sino-Africain. Ce consensus a par la suite été reconnu et adopté par la Chine et les pays africains. Le « Consensus de Dar es Salaam » est un cadre qui prône l’esprit d’égalité, de pragmatisme et de coopération mutuellement bénéfique et joue un rôle positif dans la promotion du partenariat de développement global entre la Chine et les pays africains. Ce consensus vise surtout à renforcer la confiance politique mutuelle entre la Chine et les Etats Africains, à approfondir la coopération économique, à promouvoir les échanges entre les peuples et à jeter les bases de la construction d’une communauté de destin Chine-Afrique encore plus étroite.
Le point le plus important de ce consensus selon moi, est de promouvoir le développement continu des relations amicales sino-africaines par le biais d’un dialogue d’égal-a-égal, du respect mutuel et d’une coopération mutuellement bénéfique. Cette relation amicale doit absolument se reposer sur les principes d’égalité, d’ouverture et d’inclusion et doit être engagée en faveur du bien-être et du développement durable des deux peuples. Dans le même temps, le consensus met l’accent sur la coopération Sud-Sud et le soutien aux pays africains pour qu’ils choisissent de manière indépendante les voies de développement adaptées à leurs conditions nationales.
CCTV : Comment les universitaires africains devraient-ils soutenir intellectuellement la cause de l’Afrique eu égard de la Coopération Sino-Africaine ?
Sur le plan universitaire, les universitaires africains en coopération avec leurs collègues Chinois, devraient approfondir la recherche thématique sur des sujets de pointes, renforcer le dialogue sur les politiques académiques et éducationnelles au travers des forums de réflexion Think-Thanks, promouvoir la coopération en matière de projets et recherches, créer des plateformes d’échange d’expertises, de partage d’informations et de résultats des recherches.
En termes d’échanges culturels et entre peuples, les universitaires africains et chinois devraient poursuivre leurs efforts à résoudre les « chocs » culturels, promouvoir la compréhension et le respect mutuels entre les cultures chinoise et africaine à travers des conférences universitaires et des activités d’échange culturelles et, contribuer à réduire le gap culturel entre les peuples Chinois et africains qui constitue parfois un véritable freint à la coopération et aux échanges mutuels de personne-à-personne. Par ailleurs, les universitaires africains en collaboration avec leurs collègues chinois, doivent former conjointement de nouvelles générations de professionnels et d’experts de la Chine-Afrique ayant une perspective globale de la géopolitique mondiale et de meilleurs atouts d’intercommunication culturelle évidement, via des institutions académiques africaines et chinoises.
Enfin, face aux critiques néfastes et informations distordus des médias occidentaux, les universitaires africains et chinois doivent activement faire entendre leur voix pour créer un environnement d’opinion publique favorable, sauvegarder l’intérêt de la coopération sino-africaine et préserver l’image de l’Afrique et de la Chine, voire du Sud Global.
CCTV : A l’occasion de la 75eme fête nationale de la République Populaire de Chine, avez-vous un vœu à faire au peuple Chinois ?
En effet. « En cette 75eme Fête nationale, je souhaite à la République populaire de Chine et aux peuples Chinois amis, des réalisations encore plus brillantes ! Soyons témoins d’une nouvelle ère de coopération sino-africaine forte, riche et pleine d’opportunités pour nos deux peuples ! ».