Jean-Paul Pougala : « j’ai toujours cru que notre voie pour notre émancipation passera forcément par la Chine »
Il y a quelques mois, j’ai été sollicité par le Parti Communiste Chinois (PCC) pour mettre mes aptitudes de penseur africain au service d’une nouvelle vision pour l´avènement d’un nouveau monde multipolaire, avec une intensification et une meilleure qualité des relations entre la Chine et l’Afrique.
Et c’est avec le plus grand bonheur que j’ai accepté cette nouvelle charge.
C’est en effet dans ce nouveau cadre que j’ai rédigé toutes les leçons d’éducation politique en marge du xxeme congrès du Parti Communiste Chinois qui s’est tenu récemment à Pékin.
Aujourd’hui, l’Afrique est le continent qui reçoit le moins d’investissements chinois sans lesquels elle ne peut pas sortir de l’angle de marginalité économique où elle croupit depuis trop longtemps.
Par exemple un seul pays d’Amérique du Sud comme le Chili est en train d’être financé pendant les 10 prochaines années par la Chine à hauteur de 250 milliards de dollars après la semaine spéciale du Chili a Pékin de décembre 2018, alors que la promesse d‘un plan Marshall de 60 milliards de dollars de la Chine à l’Afrique faite la même année en 2018 n’a toujours pas eu lieu.
La partie Chinoise est très souvent déçue par la partie africaine qui n’a toujours pas compris que c’est elle qui a le plus besoin de la Chine et non l’inverse.
Pire, elle n’a pas compris que la Chine a des alternatives à l’Afrique pour ses fournitures de matières premières avec un proche voisin aussi doté comme la Russie, alors que l’Afrique n’a pas d’alternative à la Chine pour l’apport des capitaux dans son processus d’industrialisation.
Plusieurs raisons frustrent et découragent la partie Chinoise à investir en Afrique.
Le plus incompréhensible pour la partie Chinoise est le fait d’être traitée avec mépris et condescendance par la partie pourtant nécessiteuse africaine comme lorsque la s’échine met 500 millions de dollars pour aider le Cameroun à construire le port en eau profonde de Kribi et que la partie camerounaise l’a convoquée à Paris pour donner des explications aux français sur ce qu’ils s’apprêtent à faire au Cameroun ou lorsque dans le même projet, alors que la Chine espère aider le Cameroun à développer une classe de bourgeoisie camerounaise, en confiant aux camerounais des rôles dans les projets en cours, la partie camerounaise à la surprise générale de Pékin, impose à ce dernier, un prestataire français (Bollore) pour la gestion du port de Kribi.
Toutes ces incompréhensions de Pékin avec les africains font que la Chine a du mal à investir en Afrique de façon conséquente.
Mon rôle dans cette nouvelle collaboration avec la Chine sera celui d’utiliser les connaissances en Intelligence Économique et Stratégique, pour agir et stimuler les deux côtés, là où c’est possible, pour rapprocher et réduire les positions de crispation possible.
C’est dans cet objectif que j’ai été invité pour la première fois sur la chaîne de télévision publique camerounaise CRTV, sur la demande de l’ambassade de Chine à Yaoundé, pour expliquer le XXe congés du Parti Communiste Chinois aux Camerounais.
C’est encore sous la demande de la Chine dans cette nouvelle collaboration que toutes les 7 premières leçons d’éducation politique, initialement destinées à un public payant dans la salle de classe sur www.pougala.net à ce jour vous ont été toutes offertes, gratuitement sur les réseaux sociaux.
Ces mêmes leçons et les nouvelles allant dans le même sens, seront toutes réunies et feront l’objet d’un livre publié en plusieurs langues et mis à disposition des étudiants en Chine et en Afrique, pour encourager une mutuelle compréhension entre les deux jeunesses.
Le chantier est grand et nous ne sommes qu’au début de notre collaboration.
Je reste convaincu que le temps de l’Afrique est venu.
A condition qu’il y ait des gens en Afrique capables de comprendre qu’il nous faut mettre un degré supérieur d’excellence et de pensée critique, dans tout ce que nous faisons, pour qu’on nous prenne finalement au sérieux et nous donner toute notre place là où les vraies décisions du futur du monde vont se prendre désormais : à Pékin, à Moscou et à Washington.
Pour l’instant, c’est Pékin qui l’invite à table et sollicite ma pensée.
Et je n’ai aucun doute que je vais continuer dans la même trajectoire qui est la mienne depuis 40 ans, pour ne jamais trahir la sensibilité d’un pauvre ex-pousseur du ghetto du quartier 10 le plus pauvre de Nkongsamba a l’ouest du Cameroun pour faire en sorte que la pauvreté en Afrique ne soit plus une fatalité.
J’y crois terriblement et j’y ai toujours cru. Comme j’ai toujours cru que notre voie pour notre émancipation passera forcément par la Chine, et n y conduisant 2 fois par an depuis 8 ans les jeunes industriels africains formés par moi à la Pougala Academy, pour leur donner les clés d’anticipation du monde qui viendra.
Pour commencer à refuser de tendre l’autre joue, l’Afrique herbivore au milieu des carnassiers occidentaux à comme les pays d’Asie et d’Amérique du Sud, besoin d’un Carnivore qui ait les moyens de repousser la prédation historique des carnassiers sur le continent africain.
Et après la semaine spéciale du Chili à Pékin, pourquoi ne pas commencer à penser la semaine du Cameroun à Pékin, la semaine du Congo à Pékin, la semaine de l’Angola à Pékin comme point de départ d’un nouvel élan industriel du continent africain sponsorisé par Pékin ?
Jean-Paul Pougala
Mardi le 29 novembre 2022