
Exploitation de l’autoroute Kribi-Lolabe : l’exploitant chinois KHM et l’Etat du Cameroun révisent leur contrat de partenariat
Les travaux de révision ont été accomplis pour la deuxième fois ce mercredi 19 février 2025, lors d’une session du comité interministériel présidée par Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics (MINTP). L’État du Cameroun et le chinois Kribi Highway Management (KHM) ont échangé sur la mutation de leur contrat de Partenariat public-privé (PPP) dans le cadre de l’exploitation de l’autoroute Kribi Lolabe, en contrat de marché public et de Payement des loyers. Pour cause, les deux parties rencontrent d’énormes difficultés dans la mise en œuvre effective du contrat PPP qui compte distinctement 04 types de loyers à savoir : le loyer d’investissement (L1), le loyer d’exploitation et de maintenance (L2), le loyer de gestion (L3) et le loyer de gros entretien et de renouvellement (L4).
Dans les principales contraintes, l’on indiquent entre autres que les factures de loyers L1, L2 et L3 accusent un sérieux retard dans le paiement (un large éventail et un circuit trop long) ; les négociations sur le contrat PPP sont au point mort et que les nouveaux montants des factures L2 et L3 ne sont pas convenus ; la cimenterie CIMPOR CAMEROUN ne se soumet pas toujours aux exigences autoroutières ; les travaux de construction des bâtiments non-autorisés au niveau du deuxième rond-point (PK38) de l’autoroute ont été identifiés ; l’incivisme des usagers et des riverains, les accidents avec délit de fuite sur la route se poursuivent fréquemment. S’ajoutent à celles-ci, la forte présence des piétons sur l’autoroute ; l’approbation des normes de frais de compensation des propriétés routières de KHM ; la destruction à plusieurs reprises des glissières ; les filets sociaux ; la création des fossés latéraux par les riverains pour transporter le bois des forêts jouxtant de l’autoroute ; le déversement incessant des déchets et sédiments dans la l’emprise autoroutière ; la conduite en état d’ivresse ; le stationnement illégal et la conduite en sens interdit ; les dommages matériels sur l’autoroute causés par les feux de brousse dans le cadre des travaux champêtres.
Pour le moment, les négociations qui ont débuté depuis plusieurs mois avec la première d’évaluation du contrat PPP le 07 juin 2023, ont seulement promis au cours de la session interministérielle de ce 19 février 2025, le paiement durant l’exercice budgétaire 2025 du ministère des Travaux publics, du loyer 1, relatif au paiement de l’investissement du partenaire chinois KHM. Un montant qui n’a pas été dévoilé.
Aussi, cette rencontre a permis aux deux parties de mieux analyser les causes du déséquilibre persistant entre les recettes et les dépenses liées à l’exploitation de cette infrastructure autoroutière. Il ressort de cette analyse que le gap observé sur le trafic est essentiellement lié à l’occupation lente de la zone industrielle contigüe au Port autonome de Kribi (PAK) ; au grand retard dans l’achèvement des travaux de la phase 2 du PAK ; à l’absence des entreprises minières pressenties ; à la connectivité limitée ; au non démarrage des travaux de certains axes routiers clés ; et surtout à la faible production d’électricité, élément attirant les investissements dans la zone industrielle de Kribi. Pour résoudre cette problématique, le MINTP a recommandé la transmission formelle du montant à allouer aux charges d’exploitation qui constitue un point important, ainsi que la mutation du contrat PPP vers le contrat de marché public.
En rappel, c’est depuis le 30 décembre 2020 que le gouvernement camerounais, représenté par le ministère des Finances et le ministère des Travaux publics, a signé le contrat de PPP avec l’entreprise chinoise China Harbour Engineering (CHEC), pour le financement partiel, la conception, l’exploitation et la maintenance de l’autoroute Kribi-Lolabe (38 km) et ses voies de raccordement (4,94 km). Ce partenaire chinois, constructeur de l’ouvrage en contrat Engineering Procurement Construction (EPC), est rémunéré par des loyers, sur la base des recettes de péage collectées par KHM qu’il a lui-même créé, pour le compte du Gouvernement qui fixe les tarifs. Le montant total de prêt pour les travaux de construction s’enlève à 226 946 357 830 FCFA et le préfinancement privé est de 66 608 934 000 FCFA (y compris les charges financières). L’investissement total est de 293 55 291 830 FCFA. Soit, 77,31% à supporter par l’Etat du Cameroun et 22,7% par le partenaire chinois CHEC.
Gérard Njoya