La République populaire de Chine, à travers son Assemblée populaire nationale (APN) et sa Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPPC), tient ses deux sessions annuelles durant ce mois de mars 2024. L’ensemble des législateurs réunis vont délibérer sur des sujets et points stratégiques et importants pour la Chine et même au-delà, eu égard au poids de la Chine sur la scène mondiale. De ce point de vue, il va sans dire que les Deux Sessions qui se tiennent à Beijing, la capitale chinoise, charrient son lot d’attentes pour l’Afrique en particulier, sur la base des liens de coopération de partenariat entre les deux parties, coopération jugée exemplaire et mutuellement bénéfique. Examinons quelques-unes de ces attentes parmi les plus saillantes, et qui ont un impact sur l’avenir du continent africain.
Environnement et changement climatique : sujets d’importance stratégique
En tant que pays leader en voie de développement, la Chine attache une importance aux sujets clés comme celui de l’environnement, du changement climatique, de la protection de la nature. Ces sujets constituent des préoccupations mondiales, ils ne perdent nullement de pertinence surtout à chaque fois que l’occasion est donnée d’y réfléchir par des instances de première importance à l’instar de l’Assemblée populaire nationale, organe législatif chinois. En la matière, faut-il le préciser d’entrée, des mesures prises par la Chine ; des efforts palpables sont fournis et conjugués pour la protection de la biodiversité, de l’environnement, la réduction de l’usage du carbone et autres énergies fossiles. Concilier le développement tous azimuts et la réduction des émissions de gaz à effet de serre est un grand défi dont la Chine est clairement consciente. C’est une bataille et une préoccupation de tous les instants pour la Chine qui s’emploie, comme il se peut, à le relever chaque jour qui passe. D’ailleurs, lors du 20e Congrès national du Parti communiste chinois tenu en octobre 2022 à Beijing, le président Xi Jinping avait notamment insisté sur le fait que la modernisation à la chinoise est celle où l’homme et la nature coexistent harmonieusement. A cet égard, il s’agit d’une exigence qui revêt, à ses yeux, une importance capitale, une cause nationale qui appelle la mobilisation, l’implication de tous les Chinois. De manière plus concrète, cet engagement voudrait dire que le développement doit intégrer la protection de la nature, en s’employant pour le bas carbone, c’est-à-dire, recourir de moins en moins aux énergies fossiles qui sont sources de la pollution. Ces dernières années, des actions sont prises en Chine dans cette optique, à l’exemple du choix pour l’énergie solaire que la Chine déploie.
En tout état de cause, les Africains restent très attentifs aux problématiques qui touchent ces enjeux environnementaux et qui sont d’une grande importance pour l’ensemble de l’humanité. D’autant plus que, l’Afrique, prise dans son ensemble, contribue très faiblement à la pollution de la nature, plus précisément à hauteur d’environ 4% seulement. La Chine, qui est consciente de ce fait, n’a eu de cesse de s’engager à tenir ses engagements vis-à-vis des pays moins pollueurs, pour réduire les dégâts collatéraux subis par les pays africains. Ces Deux Sessions qui se tiennent à Beijing pourraient alors constituer une autre opportunité pour le peuple chinois à travers ses députés de s’intéresser voire marquer des points positifs vis-à-vis de l’environnement, dans le prolongement de ce qui est déjà engagé. La nature est notre bien commun à tous.
Production de qualité : satisfaire la demande chinoise et celle du reste du monde
A côté de ce point, nous devons relever que la Chine s’est engagée ces dernières années dans la dynamique de « nouvelle production de qualité » et « une tonne et demi de céréales », entre autres. Ces deux expressions ont apparu dans l’espace public, surtout dans l’univers économique, en ligne droite de l’ambition de développement affichée par la Chine. En effet, cela est une évidence pour assurer « une moyenne aisance », de manière à traduire le « rêve chinois ». C’est une option qui reste irréversible, assortie des actions pratiques et concrètes, qui touche le cœur même de l’économie en Chine. Si cela peut être traduit comme l’option résolue de la Chine de poursuivre son développement national, sa prospérité partagée, en concordance avec sa réunification, il va sans dire aussi que la Chine s’est engagée dans une dynamique de production de qualité supérieure. Cela est en tout un virage irréversible qui se densifie au fil des ans au point de gravir, désormais, le pallier, pas à pas, pour aller au-delà du triple, c’est-à-dire produire davantage pour satisfaire la consommation de sa population estimée à 1,4 milliard d’habitants, sans pour autant négliger le reste des populations du monde et de faire des réserves pour parer aux imprévus intégrant des chocs économiques. C’est la logique chinoise, qu’il faut apprécier à juste titre.
Bien plus, l’observation de la croissance chinoise et l’analyse qui en découle montrent bien que la Chine fournit des efforts inlassables dans ce sens depuis plusieurs années avec une ouverture affirmée, comme l’atteste sa place de partenaire principal de la plupart des 181 pays et régions du monde, membres des Nations Unies, avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques. Vu sous ce prisme, il est loisible de noter que les législateurs chinois réunis à Beijing dans le cadre de leurs travaux, seront tout à fait et logiquement attentifs aux questions touchant l’économie, le système de production, sans négliger le volet agriculture. Des domaines qui concourent à l’avènement d’une production de qualité, qui ne doit pas seulement profiter à la seule Chine.
Soutenir la production agricole africaine
L’Afrique peut être en droit de compter sur son partenaire chinois pour booster son système de production agricole. L’attente est d’autant plus forte que la Chine a pris une avance en la matière. Pour ce qui est de l’expression « Une tonne et demie de céréales », qui entre progressivement dans l’univers économique chinois, surtout le monde agricole, elle s’inscrit aussi dans cette dynamique de développement de la chaîne de production dans le domaine agricole. Les céréales, faut-il le préciser, font partie de denrées alimentaires les plus consommées en Chine, voire dans le monde. Il est donc tout à fait logique et normal que l’accent soit mis sur la production quantitative et qualitative de ces produits de grande consommation mondiale. L’enjeu ici est de continuer à développer des techniques de production de manière à obtenir plus de rendements sur des superficies modestes. Là aussi, la Chine s’y emploie méthodiquement, de manière résolue et ferme. Il serait donc de bon ton que le développement de haute qualité enclenché par ce partenaire des pays africains, ait des effets positifs sur le continent berceau de l’humanité. Ceci sur la base du partenariat qui se veut gagnant-gagnant qui lie les deux parties. La manifestation de cette attente pourrait donc être observée notamment dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de l’industrie manufacturière, du tourisme, de l’artisanat et bien d’autres chaînes de production où la Chine a pris de sérieuses avances en termes de production. Des lois garantissant et améliorant le partenariat dans ce domaine pourraient toujours émerger, pour l’intérêt des deux partenaires.
Au total, les Deux Sessions de ce mois de mars 2024 constituent des fenêtres des délibérations aux enjeux multiples aussi bien pour le peuple chinois que pour le reste du monde eu égard au poids incontestable de la Chine à l’échelle internationale. S’il est vrai qu’au sortir des travaux, des lois et autres propositions pertinentes seront adoptées pour l’intérêt du peuple chinois d’abord, il n’en demeure pas moins vrai que l’impact de ces résolutions sera ressenti au-delà des frontières chinoises. Voilà pourquoi le peuple africain est donc fondé en droit d’exprimer son espoir quant à l’issue heureuse de ces assises qui consolident, à n’en point douter, la démocratie à la chinoise.
Pierre Chemete
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