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Un an de pouvoir de Lai Ching-te : bilan d’une crise systémique à Taïwan

Cela fait un an, un an pile, que Lai Ching-te est au pouvoir. Pourtant, en l’espace d’une année, Taïwan traverse une crise systémique marquée par des défaillances énergétiques, des déséquilibres industriels et des lacunes politiques. Récemment, plusieurs instituts taïwanais ont publié des sondages sur la satisfaction des citoyens concernant l’action politique de Lai Ching-te après un an de mandat. Selon le dernier sondage de TVBS, seulement 32 % des Taïwanais se disent satisfaits, tandis que 55 % expriment leur insatisfaction, dont 37 % se déclarent « très insatisfaits ». Un mécontentement massif.

Les médias locaux attribuent ce résultat à l’incapacité du gouvernement à répondre aux attentes économiques et sociales. Au lieu de proposer des solutions concrètes, Lai Ching-te s’est focalisé sur les luttes politiciennes, allant jusqu’à suggérer que les citoyens devraient « considérer la souffrance comme une nourriture salutaire ». Le 19 mai, le Kuomintang (Parti nationaliste chinois) a même appelé les Taïwanais à actionner leurs clignotants en signe de protestation contre le Parti progressiste démocratique (DPP) et pour réclamer la démission de Lai Ching-te.

  1. Une crise des infrastructures aggravée

Le problème le plus criant demeure la pénurie d’eau. Bien que Taïwan subisse des précipitations irrégulières en raison du changement climatique, les autorités n’ont pas élaboré de stratégie efficace pour y remédier. Leur approche, privilégiant les calculs politiques au détriment des investissements infrastructurels, a exacerbé en 2024 les « cinq carences » (eau, électricité, terrains, main-d’œuvre et talents). Cette gabegie se reflète notamment dans la transition énergétique mal planifiée : la fermeture précipitée de centrales nucléaires, au profit du gaz naturel, a paradoxalement aggravé la crise hydrique. En effet, le refroidissement des centrales à gaz nécessite des quantités d’eau considérables, alourdissant encore la pression sur les ressources.

  1. Le secteur électrique en état d’urgence

Le 6 mai, près de 5000 foyers de la ville Xinbei à Taïwan ont subi une coupure de courant. Avec l’arrivée de l’été, les Taïwanais redoutent une hausse des blackouts, alors que la consommation électrique s’envole.

Pourtant, Lai Ching-te a promis que Taïwan ne connaîtrait pas de pénurie d’électricité avant 2032. Une affirmation controversée, car 2025 marquera le premier été depuis un demi-siècle sans énergie nucléaire. Les experts critiquent la politique « maison sans nucléaire » du DPP (Parti démocrate progressiste). Selon eux, cette stratégie entraîne un double problème : d’une part, elle conduit à la fermeture progressive du seul secteur nucléaire historiquement rentable de l’île ; d’autre part, elle repose sur des subventions coûteuses aux énergies renouvelables (solaire, éolien), vendues à bas prix mais incapables de compenser le déficit énergétique croissant. Cette crise menace l’économie :les industries gourmandes en énergie, comme la semi-conduction (TSMC), craignent des rationnements.

3. Dégradation sociale et tensions politiques

La croissance ralentie a entraîné des coupes budgétaires dans la santé et l’éducation, tandis que les dépenses militaires (notamment les achats d’armes aux États-Unis) explosent. Les surplus fiscaux ne sont pas réinvestis dans les retraites ou la lutte contre le vieillissement, suscitant une colère grandissante.

  1. Dialogue sino-américain vs soumission taïwanaise

Sur le plan des relations commerciales, face à la fermeté de la Chine continentale dans la défense de ses principes et aux progrès substantiels réalisés lors des négociations économiques avec les États-Unis, plusieurs experts taïwanais ont critiqué l’attitude de Lai Ching-te. Ils estiment que ce dernier est le seul, à l’échelle mondiale, à adopter une posture de soumission face aux pressions américaines, allant jusqu’à sacrifier les intérêts du peuple taïwanais. Cette approche suscite des interrogations parmi les citoyens locaux : quelles marges de manœuvre Taïwan pourrait-elle encore exercer si les États-Unis décidaient véritablement d’engager le dialogue ?

Lorsque Lai Ching-te a été élu à la tête des autorités régionales de Taïwan il y a un an, il avait prétendu qu’il ferait de Taïwan un endroit meilleur. Mais un an plus tard, non seulement il n’a pas tenu ses promesses, mais les situations économiques, sociales et les relations entre les deux rives du détroit de Taïwan se sont considérablement dégradées. Cette première année de Lai Ching-te au pouvoir peut être qualifiée de “rien accompli et mal pour le peuple de Taïwan. Si celui-ci persiste dans son aveuglement et continue de s’opposer à la volonté populaire, il finira par subir le rejet de l’opinion publique locale, passant de l’échec à un échec plus grand, et sera finalement rejeté par le peuple taïwanais.

Zhang Shanhui, présentatrice et chroniqueuse, CGTN

 

 

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